
Quelque 19 millions de Tanzaniens ont voté dimanche pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers municipaux. Le chef de l'État sortant, Jakaya Kikwete (photo), est le grand favori d'un scrutin sans suspense.
REUTERS - Les Tanzaniens votaient dimanche pour une élection présidentielle qui devrait reconduire pour un second et dernier quinquennat le président sortant, Jakaya Kikwate, à la tête de la seconde économie d'Afrique de l'Est.
La Tanzanie connaît une relative stabilité dans un environnement régional peu propice et trois scrutins présidentiels pluralistes ont pu s'y tenir sans accroc majeur depuis 1995, après plus de trente ans de règne unique.
Dimanche matin encore, les électeurs patientaient dans le calme devant les bureaux de vote de Tanzanie et de l'archipel de Zanzibar, archipel rattaché à Dar es Salaam mais jouissant d'un statut autonome et qui élit lui aussi son dirigeant.
Les bureaux fermeront à 13h00 GMT et les résultats sont attendus dans quelques jours.
Par précaution, de nombreux policiers ont été déployés dans les plus sensibles des 52.000 bureaux de vote du pays.
Certains bureaux ont ouvert en retard et les électeurs devaient se montrer patients.
"C'est très calme (...) Les choses semblent assez bien organisées par la commission électorale", a dit Paul East, responsable en Tanzanie du groupe d'observateurs électoraux du Commonwealth.
Corruption et faible gouvernance
Elu en 2005 avec 80,2% des voix, Kikwete, âgé de 60 ans, fait la course en tête dans les sondages mais son avance sur ses adversaires s'est réduite ces dernières semaines et ces derniers pourraient redresser la barre en cas de forte participation, estiment certains analystes.
Le principal adversaire de Kikwete, le candidat du parti d'opposition Chadema, Willibrod Slaa, a exhorté les 19,6 millions d'électeurs à lui donner l'opportunité de s'attaquer à la corruption et d'améliorer la santé et l'éducation dans un pays où la moitié de la population vit avec moins d'un dollar par jour.
"Les options sont claires : soit vous votez pour le statu quo pour les cinq prochaines années, soit pour le changement qui permettrait de repartir de zéro et d'aller de l'avant", a déclaré Slaa, prêtre catholique défroqué de 62 ans, samedi. "Notre pays est sur la mauvaise voie", a-t-il ajouté.
Politicien chevronné, Kikwete peut se targuer d'avoir mis en oeuvre des politiques économiques cohérentes et d'avoir maintenu la croissance. Ses détracteurs lui reprochent de ne pas avoir réussi à éradiquer la corruption et de n'avoir pas su faire profiter les citoyens des bénéfices d'une économie saine.
L'inquiétude soulevée par la corruption et la faible gouvernance a incité les donateurs à réduire leur aide au développement à la Tanzanie. Kikwete s'est engagé à s'attaquer à ces deux fléaux et a fait le tour du pays pour assister à des milliers de rassemblements organisés par son parti Chama Cha Mapinduzi (CCM).
Le CCM a dépensé pour la campagne électorale dix fois plus que l'ensemble du budget des partis de l'opposition, ce qui a permis au parti au pouvoir d'être omniprésent dans les médias.