
Molex, qui refuse de financer le plan social de son usine française fermée en 2009, a fait état d'un bénéfice record au troisième trimestre. De quoi provoquer l'ire des anciens salariés du groupe américain et celle du gouvernement français.
L’annonce ce mercredi d’un bénéfice record par l’équipementier automobile américain Molex a fait bondir le gouvernement français. En annonçant un chiffre d’affaires, en hausse de 33 %, s’élèvant à 898 millions de dollars (649 millions d'euros) et un bénéfice net de 75 millions de dollars (54 millions d'euros), la pilule est mal passée à l’Élysée.
Et pour cause, en juin 2009, à la suite de la fermeture de son entreprise française à Villemur-sur-Tarn - qui avait mis sur le carreau quelque 283 salariés - Molex avait annoncé qu'il allait cesser de financer le plan social. À l’état français de se charger d’indemniser les anciens salariés ! Christian Estrosi, le ministre de l’Industrie, ne cache pas sa colère.
"L'annonce ce matin du fait que Molex ait dégagé des millions (de dollars, NDLR) de bénéfices dont 15 % seront redistribués à leurs actionnaires est une démarche de mépris la plus totale, que ce soit à l'égard des salariés de Molex mais aussi du gouvernement français et de la justice de la France", a-t-il affirmé.
Estrosi demande à Renault et PSA de suspendre tout échange commercial avec Molex
D'anciens salariés de Molex se sont dits écoeurés. "On met 300 personnes en difficulté pour pouvoir rémunérer quelques actionnaires. Et en plus, ils ne veulent pas payer le plan social. C'est parfaitement dégueulasse", s'est indigné Guy Pavan, ancien délégué CGT de l'usine.
Même réaction de Lionel Garrigues, ex-délégué CFDT de Molex. Il dénonce une "provocation" de Molex, qui illustre l'"impuissance du gouvernement". "Annoncer de tels bénéfices et ne plus vouloir financer le plan social, c'est se foutre de la gueule des gens."
En représailles, le ministre de l’Industrie a fait savoir qu'il avait demandé aux groupes automobiles Renault et PSA de ne plus avoir "le moindre échange commercial" avec Molex. Une annonce qui a laissé sceptique Ana Rodriguez, la vice-présidente du groupe américain, qui déplore l'"attitude agressive de la France".
De son côté, le Parti socialiste a dénoncé tous azimuts l’attitude de Molex et la réaction du gouvernement. "Face à ces pratiques scandaleuses, la seule réaction du ministre de l’Industrie est d’appeler les constructeurs français à ne plus avoir le moindre échange commercial avec l’équipementier américain. Une fois de plus, le gouvernement se contente d’effets d’annonces et aucune véritable mesure ne va être prise", écrivent dans un communiqué les secrétaires nationaux PS Guillaume Bachelay (industrie) et Alain Vidalies (emploi).