
Inflexibles, gouvernement et syndicats entrent dans une phase décisive de la réforme des retraites cette semaine, alors que la pénurie de carburant dans les stations-service est toujours ressentie un peu partout dans l'Hexagone.
Le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats, mobilisés contre la réforme des retraites, entre dans sa dernière ligne droite. L’adoption par le Sénat de la réforme des retraites, vendredi dernier, devrait déboucher sur un vote solennel par le Parlement, cette semaine. Une issue qui paraissait en tous cas inéluctable, selon Éric Woerth, ministre en charge de la réforme, dimanche soir sur France 3. "Cela ne sert à rien de faire grève aujourd’hui" a-t-il déclaré. "Après le vote de la loi, c’est la loi (…), il faut la respecter. (…). À un moment donné, il faut cesser le blocage du pays." En envisageant un recours devant le Conseil constitutionnel, le texte pourra être promulgué vers le 15 novembre, a annoncé de son côté le conseiller social de l'Élysée, Raymond Soubie, sur Europe 1.
Les syndicats restent mobilisés
Mais les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille et appellent jeudi à une nouvelle journée de manifestations et de grèves à laquelle les partis d’opposition ont déjà prévu de participer. Parmi les opposants au projet, certains gardent en mémoire le sort réservé au CPE en 2006, dont le texte, même promulgué, avait été retiré par le gouvernement de Dominique de Villepin sous la pression de la rue... Les syndicats comptent en effet prolonger la contestation au-delà du vote de la loi, avec l'organisation de journées d'action les jeudi 28 octobre et samedi 6 novembre. "Il est encore temps de peser après la décision de promulguer, éventuellement, cette loi", a déclaré dimanche Bernard Thibault, le n°1 de la CGT, sur France 5. "Derrière la promulgation d'une loi, il y a aussi la publication des décrets (...) On n'est pas encore à la veille de l'application concrète de cette loi.".
Du côté de l’opinion, si une large majorité (57 %) des Français se déclare satisfaite des actions ou des prises de parole des syndicats dans le conflit, selon un sondage Ifop pour France-Soir de lundi, une enquête OpinionWay a démontré avant le vote du Sénat que 56 % des Français souhaitent la fin du conflit social après l'adoption du texte par le Parlement. Quant au président Nicolas Sarkozy, sa cote de popularité est tombée sous la barre des 30%, selon le Journal du dimanche.
Une station-service sur quatre n'est pas approvisionnée
Mais le conflit a "un coût", martèle le gouvernement. Il serait "entre 200 à 400 millions d'euros" par journée de grève, a estimé ce matin la ministre de l'Économie Christine Lagarde, sur Europe 1. Après trente jours de conflit dans le port de Marseille, l’Union des industries chimiques estime à 1 milliard le coût de ce mouvement tandis qu’Air France déplore des pertes quotidiennes de cinq millions d’euros, d’après Le Figaro.
Sur le terrain, les perturbations dans les transports sont en forte baisse. Mais les syndicats entendent maintenir la pression en poursuivant les grèves dans les raffineries. Ce matin, sept d’entres elles (sur un total de douze) sont en grève, selon les organisations syndicales. Par ailleurs, le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) était de nouveau bloqué ce matin.
Un quart des pompes à essence était toujours à sec hier en France. Du fait de la journée de repos hebdomadaire des chauffeurs de camions-citerne dimanche, la situation des stations-service était donc susceptible de se dégrader lundi, avait prévenu l'Union française des industries pétrolières. Le ministre de l'Énergie, Jean-Louis Borloo, avait d'ailleurs confirmé dans la soirée qu'il pourrait y avoir "quelques difficultés lundi matin".