Du 21 au 24 octobre, le cœur de Paris se transforme en grande galerie d’art contemporain. Cette année, la Fiac exerce un pouvoir d’attraction qu’elle avait perdu depuis des années... Petite visite dans le secteur des jeunes galeries.
Ambiance euphorique à la Fiac, la Foire internationale d’art contemporain, qui se déroule du 21 au 24 octobre dans deux lieux prestigieux de Paris, la cour Carrée du Louvre et le Grand Palais. Euphorique par le nombre important de galeristes qui se sont présentés au comité de sélection cette année - 640 demandes pour 195 sélectionnés - et par la présence inédite du marchand d'art américain Larry Gagosian.
Le charme de la Fiac ? On ne sait jamais qui est qui. Et surtout, qui est collectionneur ou pas...!
Benoît Porcher, galeriste présent pour la première fois à la Fiac
Ce dernier était présent en personne au Grand Palais, mercredi soir, quelques heures après avoir inauguré une luxueuse galerie près des Champs Élysées. Son stand présentait des œuvres d’envergure : des pièces de Pablo Picasso, Richard Prince, Richard Serra, Cy Twombly, Piotr Uklanski et Franz West, rien de moins...
Sélection drastique, présence de galeries de renommée internationale qui participent pour la première fois à la Fiac - outre Larry Gagosian, il y a également Max Hetzler (Berlin), Regen Projects (Los Angeles) ou encore Victoria Miro (Londres)… : "C’est une foire très dense par son contenu, et de grande qualité", affirme fièrement la commissaire de la Foire, Jennifer Flay, sur France 24. Deux tiers des galeries ont fait le voyage depuis l’étranger. Et 24 pays font leur entrée à la FIiac, dont l’Irlande, la Corée du Sud, le Mexique et le Japon.
Petite visite dans la cour Carrée du Louvre, parmi les galeries toutes jeunes, celles qui font souvent leur première Fiac : elles disent leurs attentes et leur sentiment sur le marché de l’art en France.
Galerie Semiose (Paris)
Benoît Porcher a ouvert sa galerie il y a trois ans, à Paris, dans le quartier de Belleville. Il a choisi d’exposer les œuvres d’une artiste de 39 ans, Anne Brégeaut. Mythologie de l’enfance, mémoires de fantasmes et de cauchemars, dans un décor "sucré, acidulé, qui pique si on regarde de trop près…", selon la description de Benoît Porcher. En tout, six gouaches de grand format (vendues à 6 000 euros), et une maison en flamme intitulée "J’envisage le pire". Le mercredi soir, la galerie avait déjà vendu toute l’exposition.
Toutes les ventes se font-elles pendant les deux jours professionnels ? "Non, vraiment pas. Les retombées de la Fiac se font avant - il y a eu un achat la semaine dernière, quand on a annoncé qu’Anne Brégeaut serait exposée - et parfois un an après !"
Galerie Bendana-Pinel (Paris)
Cette galerie parisienne a ouvert en 2008, dans le quartier du Marais. Elle expose déjà des artistes confirmés, notamment le travail de Dias & Riedweg intitulé "Cold Stories". Le stand aux murs noirs et aux mutiples écrans se remarque de loin, les collectionneurs et les curieux sont nombreux à s’y presser.
Des écrans posés dans de grandes malles diffusent des images et des sons d’archives du temps de la Guerre froide. Se distinguent les discours de quatre grandes figures de cette époque : Che Guevara, Mao Zedong, John F. Kennedy et Nikita Krouchtchev. Ces personnages historiques sont assis sur les malles, sous la forme de marionnettes.
Ce n’est pas la première fois que Mauricio Dias, artiste né en 1964 à Rio de Janeiro, vient à la Fiac. Mais c’est la première fois qu’il présente cette œuvre.
Comment se présente la Fiac ? "On rencontre beaucoup d’intérêts pour notre œuvre. Mais elle a le défaut d’être plus institutionnelle que les autres : on ne peut pas sortir avec sous le bras, et c’est forcément plus compliqué à vendre…"
itGalerie Koch Oberhuber Wolff (Berlin)
Dans un recoin moins fréquenté de la Fiac, loin de l’euphorie des œuvres monumentales et colorées, une petite galerie allemande présente des photographies du jeune Allemand Tobias Ziebny sur les adolescents qui se prostituent dans les environs de Berlin. Une thématique lourde assumée par la jeune galerie, créée en 2009, et qui souhaite aborder, dans le milieu de l'art contemporain, les débats de fond de la société.
Pour l’instant, une seule photographie s’est vendue. Mais le responsable de la galerie, Nikolaus Oberhuber, est optimiste. C’est sa première fois en tant que galeriste à la Fiac de Paris, et il a immédiatement perçu ce regain d’intérêt international pour le marché de l’art parisien... (écouter le sonore)