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Le plan d'austérité du gouvernement sonne le repli de l'État-providence

Les coupes budgétaires drastiques annoncées par le gouvernement, mercredi, risquent de changer à jamais le visage du Royaume-Uni. Ce plan d'austérité met à mal l'État-providence. La presse parle du "plus grand défi" du pays.

AFP - Le plan d'austérité draconien annoncé mercredi par le gouvernement britannique va bouleverser la Grande-Bretagne et sonne le repli spectaculaire de l'Etat-providence, estimait jeudi la presse britannique.

Les commentateurs s'accordaient également à considérer que les 95 milliards d'euros attendus des coupes drastiques dans le budget constituaient un immense défi, que le Financial Times qualifiait de "plus grand pari de la Grande-Bretagne en une génération".

Le ministre des Finances conservateur George Osborne a révélé devant la Chambre des Communes qu'un demi-million d'emplois du service public allaient être suprimés, pour parvenir à réduire d'environ un cinquième les dépenses de l'Etat, afin de faire tomber le déficit public de 10,1% du Produit intérieur brut cette année à 1,1% en 2015.

Si certains commentateurs déploraient le risque encouru pour l'économie et les coupes dans les avantages sociaux, d'autres félicitaient le gouvernement pour s'être attaqué à une secteur public jugé envahissant et inefficace.

Mais tous convenaient que le pays allaient subir des transformations spectaculaires dans les années à venir.

Pour le Guardian (gauche), l'avenir est sombre et les coupes budgétaires dans les aides sociales vont frapper "le malade, le pauvre et les parents qui travaillent". Elles se concentrent "de façon vraiment brutale --équivalent à une remise à zéro historique de l'Etat-providence-- sur ceux qui ont peu".

"Un ministre des Finances ne peut enlever des (dizaines de milliards d'euros) à une économie, comme M. Osborne l'a fait, sans que le pays n'en soit meurtri. Ce sera désormais un pays différent", juge le quotidien.

Mais pour le Daily Telegraph (droite), ce plan d'austérité est le signe que l'Etat "replie ses tentacules", grâce à un "ensemble de mesures intelligent, méthodique et courageux", le ministre ayant selon lui "fait le bon choix".

C'est que, pour le Daily Telegraph, il s'agissait de reprendre en main un budget social "totalement hors contrôle" et d'améliorer l'efficacité du service public, après 13 ans de gestion travailliste.

Pour le Sun, le tabloïde proche des conservateurs, "Osborne botte les fesses de la Grande-Bretagne" et, ce faisant, donne une chance au pays "de prendre un virage historique en s'éloignant de la culture de l'assistanat pour celle du travail et du compter-sur-soi".

Mais pour l'Independent (gauche), ces mesures s'inscrivent dans une tendance générale des pays développés, où les gouvernements doivent "essayer de faire plus, mais le faire avec moins".

"Mais il (le gouvernement britannique) ne le peut pas. C'est pourquoi ces coupes budgétaires resteront comme le premier pas d'une retraite plus grande" encore de l'Etat, estime le journal.