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Une proposition de compromis sur l'avenir du royaume menée par le chef de file des indépendantistes flamands Bart De Wever (photo) a été rejetée en bloc par le camp francophone.

La Belgique s’enfonce encore plus dans la crise. Le refus catégorique exprimé lundi par les partis francophones à un projet d’entente présenté par le chef du parti indépendantiste flamand N-VA, Bart De Wever, a plongé davantage le pays dans l’incertitude. La "mission de clarification" - établie à l'initiative du roi Albert II - visait à trouver une issue au blocage de la formation d'un gouvernement qui dure depuis les élections législatives du 13 juin.

Pourtant De Wever, chef de file des indépendantistes flamands du N-VA et grand vainqueur des législatives en Flandres, avait décrit son projet comme étant une "proposition de compromis" entre les revendications des Flamands et les attentes des Wallons. Un "compromis" que n'ont pas jugé acceptable les trois formations politiques francophones qui participent aux négociations. Elles jugent dans un communiqué qu'il "met en péril la situation des Wallons et des habitants de Bruxelles".

Un rapport "provocateur"

Le rapport préconisait une profonde réforme du système fédéral belge vers une plus grande autonomie des régions en leur accordant le pouvoir de prélever elles-mêmes 45 % de l'impôt sur le revenu. En plus de la gestion de la politique de l'emploi, les allocations familiales, ainsi qu'une partie de la politique de la santé et de la justice.

Enfin, le texte prévoyait la scission du dernier arrondissement bilingue de Belgique, celui de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ce qui supprimerait, à l'exception de six communes, des droits linguistiques spécifiques de dizaines de milliers de francophones vivant dans la banlieue flamande de la capitale.

Côté francophone, le Parti socialiste d’Elio Di Rupo, autre grand vainqueur des élections du 13 juin, a dénoncé le "caractère unilatéral, parfois provocateur" de certaines propositions, qui risquent "d'accroître les tensions" entre néerlandophones et francophones. Les écologistes ont quant à eux jugé le rapport "partial et déséquilibré".

Sans surprise, les partis flamands ont apporté leur soutien aux propositions de Bart De Wever, non sans critiquer le refus hâtif des francophones. Des réactions qui alimentent un peu plus le bras de fer entre les deux camps.

Vers de nouvelles élections ?

Pour le politologue belge Pierre Vercauteren, "la balle est désormais dans le camp du roi". Le souverain dispose néanmoins d'une marge de manœuvre réduite. "Après avoir constaté qu’il est impossible de sortir de l’impasse, il peut soit convoquer de nouvelles élections, soit procéder à des consultations et nommer une nouvelle personnalité chargée de calmer le jeu et de relancer le dialogue", explique le professeur aux Facultés universitaires catholiques de Mons.

Cependant, de nouvelles élections "ne résoudraient en rien la crise, leur organisation démontrerait qu’aucune avancée n’a été enregistrée sur le dossier et d’autre part elles ne feraient que renforcer les deux partis qui ont remporté le scrutin précédent", conclut Pierre Vercauteren. Un cercle vicieux dont la Belgique n’est pas prête de sortir…