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Michelle Obama à la rescousse du camp démocrate

Fini le temps où elle était caricaturée comme une "femme noire énervée". Michelle Obama est désormais courtisée par les démocrates, qui espèrent que son image consensuelle leur permettra de limiter la casse aux élections de mi-mandat.

Au début de la campagne présidentielle de Barack Obama, en 2008, les conseillers du candidat démocrate à la Maison Blanche s’inquiétaient de l’image négative que son épouse pouvait véhiculer dans l’opinion. Grande, sûre d’elle-même, elle était qualifiée de "femme noire énervée" ("Angry Black Woman") par certains républicains.

L’avocate diplômée d’Harvard passait également pour une femme dure, même envers son mari. La journaliste du "New York Times" Maureen Dowd avait ainsi écrit à l’époque qu’elle avait "tressailli quand elle [avait entendu Michelle Obama réprimer] son mari". Certaines de ses sorties, comme lorsqu’elle avait déclaré qu’elle était "fière de son pays pour la première fois de sa vie d’adulte" avait fini d’inquiéter les proches du futur président qui redoutaient que, à cause d’elle, les électeurs blancs boudent leur poulain.

"Maman en chef"

En 2010, les choses ont bien changé. La première dame est désormais considérée comme l’une des armes secrètes du président. Celle-ci jouit d’une cote de popularité supérieure à celle de son mari et passe pour une femme chaleureuse et des plus intelligentes.

L’image de Michelle Obama a commencé à s’améliorer après son discours à la convention démocrate, en août 2008, quand elle n’a pas hésité à clamer tout haut son amour pour son mari et pour son pays. Depuis, celle-ci cultive son rôle de femme aimante et responsable et entretient avec soin son image de "maman en chef". Ainsi, elle n’a pas hésité à inviter des enfants à une séance de gymnastique dans les jardins de la Maison Blanche, ni à visiter des écoles dans des quartiers défavorisés de différentes villes des États-Unis.

À quelques semaines des élections de mi-mandat qui sont loin de se présenter sous les meilleurs auspices pour les démocrates, la Maison Blanche a donc décidé d’envoyer au front la "First Lady" pour soutenir les candidats du parti de l’âne aux quatre coins du pays. Certains prétendants au Congrès ont d’ailleurs expressément demandé son soutien, plutôt que celui de son mari… Manière, pour elle, de constater à quel point son image s’est améliorée au cours des deux dernières années.

L’agenda de la première dame américaine est en effet bien rempli en ce mois d’octobre. Elle doit participer à des meetings dans l’Illinois, le Wisconsin, le Colorado, la Californie et l’État de Washington. "Comme la plupart des ‘First Ladies’, Michelle Obama est plus populaire que son mari", explique Ari Melber, journaliste à l’hebdomadaire américain "The Nation". Contacté par France 24, celui-ci assure qu’elle porte en elle "le prestige de la Maison Blanche tout en laissant de côté la politique politicienne de Washington".

Une "Laura Bush bronzée"?

De fait, Michelle Obama a su rester au dessus des débats partisans pour se consacrer à des causes plus consensuelles, comme la lutte contre l’obésité chez les adolescents.

Elle a aussi consenti à faire un geste en direction des républicains en participant, notamment, à des émissions politiques sur la chaîne conservatrice Fox News ou en co-organisant une cérémonie à la mémoire des victimes du 11-Septembre avec l’ex-première dame Laura Bush.

La nouvelle "First Lady" ne plaît cependant pas à tout le monde. La chroniqueuse afro-américaine Devona Walker regrette ainsi que cette femme de pouvoir aux opinions bien tranchées se soit résignée à tenir son rôle sans broncher. "Les Américains s’attendaient à trouver une Hillary Clinton du ghetto. Finalement, ils ont une Laura Bush bronzée", écrit-t-elle dans un article, faisant référence à la très discrète femme de l’ancien président américain George W. Bush.

À la faveur de la campagne électorale, Michelle Obama sera-t-elle tentée de radicaliser à nouveau son discours ? A toute fin utile, les conseillers de son mari lui ont d’ores et déjà demandé de ne pas s’en prendre aux républicains et de se contenter de défendre les réformes et l’agenda de son président de mari…