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Deux mois de prison avec sursis requis pour l'agression d'une femme portant le niqab

Le parquet de Paris a requis une peine de deux mois de prison avec sursis et de 750 euros d'amende à l'encontre d'une sexagénaire qui avait arraché le voile d'une touriste émiratie, au mois de février. Le tribunal rendra son jugement le 4 novembre.

REUTERS - Une peine de deux mois de prison avec sursis et 750 euros d'amende a été requise jeudi à Paris contre une retraitée poursuivie pour avoir arraché le voile intégral d'une femme et l'avoir frappée.

Ce procès, dont le jugement sera rendu le 4 novembre, intervient deux jours après la parution au Journal officiel de la loi interdisant de se couvrir le visage dans tout l'espace public français, notamment avec une burqa ou un niqab.
Les avocats de la victime, ressortissante des Emirats arabes unis, ont aussi demandé 10.000 euros de dommages et intérêts. Ils ont sollicité 5.000 euros pour une deuxième personne également agressée, de nationalité qatarie.
"Ce sont des faits intolérables et c'est surtout l'état d'esprit de l'agresseur qui nous inquiète", a dit Me Louisa Bouziani.
Jugée pour "violences commises en raison de l'appartenance de la victime à une religion déterminée", la prévenue, Marlène, une enseignante d'anglais en retraite de 63 ans, était absente du tribunal et ne s'est pas fait représenter par un avocat.
Elle a donné plusieurs entretiens à la presse dans lesquels elle dément avoir fait preuve de violence.
Le parquet, qui est à l'origine des poursuites, a souligné dans son réquisitoire que les faits, qui remontent au 4 février dernier, seraient tout autant poursuivis aujourd'hui que la loi contre le voile intégral a été promulguée.
Le substitut Anne de Fontette a souligné que la tolérance devait prendre le dessus. "Vivre ensemble, ça suppose l'acceptation tout simplement de l'autre, quelle que soit la
façon dont il est vêtu", a dit la magistrate.
Coups et morsure
Les faits, reconnus par la prévenue lors de son interrogatoire de police, ont eu lieu lorsque l'enseignante a croisé la victime dans un magasin du XVe arrondissement.
Elle lui a demandé si elle était Française, puis lui a dit en anglais de baisser son voile, finissant par arracher elle-même l'étoffe couvrant le visage.
Retrouvant sa victime quelques instants plus tard dans le même magasin avec le voile remis en place, la retraitée lui a alors expédié un coup de poing, l'a griffée et mordue à la main, selon le rapport de police lu à l'audience.
Une amie qui portait un voile ne couvrant pas le visage, venue au secours de la victime, a aussi été agressée. Choquées, les deux femmes qui résidaient jusque-là à Paris sont rentrées dans leur pays et ne reviendront pas immédiatement, ont dit leurs avocats.
Aux policiers, Marlène a déclaré: "Je savais que j'allais craquer un jour. Cette histoire de burqa commençait à m'agacer".
Elle a relaté avoir enseigné dans des pays musulmans comme le Maroc, où selon elle les femmes avaient la possibilité d'échapper aux contraintes religieuses, et a précisé avoir
particulièrement mal vécu son séjour en Arabie saoudite. "Je ne sais pas si je regrette mais je ne le ferai plus. J'aurais voulu lui parler", a aussi déclaré la prévenue aux policiers, selon le procès-verbal d'audition lu au procès.
Aujourd'hui, a dit Anne de Fontette, la plaignante principale se verrait certes demander de se "présenter dans une autre tenue", mais cette démarche serait accomplie par "des policiers moins excités".
La loi prohibant le voile intégral entrera en vigueur dans six mois. Une période probatoire où le dialogue est proposé aux forces de police est prévue. La France est le seul pays en
Europe à avoir pris une telle interdiction critiquée comme liberticide par des associations de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International.