Le spéléologue français de 45 ans, Éric Establie, coincé depuis le 3 octobre par un éboulis dans le lit de la source de la Dragonnière dans les Gorges de l'Ardèche, a été retrouvé noyé, à près de 800 mètres sous terre.
AFP - Le spéléologue disparu depuis huit jours dans les Gorges de l'Ardèche a été retrouvé noyé par les deux plongeurs britanniques partis lundi à sa recherche, un épilogue dramatique qui met fin aux efforts acharnés des secouristes pour le sauver.
"Eric Establie a été retrouvé noyé" 70 mètres après l'éboulis, situé à 780 mètres de l'entrée de la cavité, a annoncé sans plus de détails le sous-préfet de Largentière, Jean Rampon, non loin de l'entrée de la grotte, après le retour des deux hommes.
Le visage grave, il s'est ensuite retiré vers le PC sécurité au côté d'Eric Zipper, le chef des Spéléo Secours, qui doit désormais organiser la sortie du corps, avant de revenir plus tard en soirée pour annoncer l'ouverture d'une enquête judiciaire sous l'autorité du procureur de Privas, Christophe Raffin.
L'annonce du décès d'Eric Establie a été faite peu après le retour de deux plongeurs britanniques, remontés plus tôt que prévu de leur parcours dans cette galerie sous-marine comptant comme difficulté majeure le contournement de l'éboulis qui a piégé Eric Establie.
"On a fait le maximum. C'est une affaire qui se finit mal et on est tous très très déçus", a déclaré devant la presse Gérard Gudefin, conseiller technique au Spéléo Secours Français.
"On est profondément attristés. On le considérait comme vivant jusqu'à il y a quelques heures", a réagi, interrogé par l'AFP, Christian Mellot, président du spéléo club de Saint-Vallier-de-Thiey, près de Cannes, où Eric Establie était licencié depuis de nombreuses années.
Samedi, les secouristes avaient cru percevoir des bruits frappés sur la paroi rocheuse, ce qui avait nourri l'espoir de la survie d'Eric Establie, considéré comme l'un des meilleurs au monde dans sa spécialité.
"Des sons frappés ont été perçus à l'endroit de la rivière" souterraine où il a disparu, s'était réjoui Eric Zipper, du Spéléo Secours.
"Il taperait sur une roche", réfugié dans une poche d'air, avait précisé Jean Rampon, relançant l'espoir des dizaines de secouristes présents sur le site.
Deux forages parallèles avaient été menés depuis le plateau surplombant les gorges, dont un "puits de contact" creusé à l'aplomb de la cavité dans laquelle les sauveteurs avaient cru percevoir la présence d'Eric Establie et qui aurait dû permettre de lui faire passer des vivres et du matériel.
En juin 2001, le spéléologue Patrick Mugnier était sorti du gouffre des Fontanilles (Hérault), cinq jours après y avoir disparu. Il avait dû franchir 1,5 kilomètre en plongeant dans des eaux profondes de 15 mètres.
Avant lui, en novembre 1999, sept spéléologues bloqués au gouffre des Vitarelles (Lot) avaient été libérés au bout de dix jours. Leur sauvetage avait alors été considéré comme "le plus compliqué jamais mis en oeuvre en France".
Car si des spéléologues sont plusieurs fois par an bloqués par des crues, leur mésaventure n'excède généralement pas 24 heures, selon le Spéléo Secours.
Recensé au sein du Spéléo secours français (SSF) depuis quatre ans comme plongeur bénévole, Eric Establie a notamment participé en mars 2009 à la remontée du corps sans vie d'un plongeur chevronné dans le Lot.
Scaphandrier de profession, cet homme de 45 ans dirigeait une société de travaux maritimes et sous-marins à Cannes.