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Heurts entre policiers et manifestants homophobes lors de la Gay Pride

La Gay Pride a débuté, ce dimanche, à Belgrade, où un millier de personnes ont défilé sous haute surveillance. Des heurts entre policiers et manifestants homophobes ont éclaté et plusieurs dizaines de blessés sont à déplorer.

AFP - La Gay pride organisée dimanche à Belgrade, la première depuis près de dix ans, a été marquée par des heurts violents entre forces de l'ordre et éléments homophobes, faisant plusieurs dizaines de blessés, ainsi que par des actes de vandalisme.

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"Mesures impressionnantes mais pourtant insuffisantes"
Heurts entre policiers et manifestants homophobes lors de la Gay Pride

Le centre de la capitale serbe a connu un climat de haute tension en raison de la présence de quelques centaines de jeunes qui ont tenté pendant plusieurs heures et en vain de s'approcher de la manifestation des homosexuels.

Des effectifs très importants de la police, en tenue anti-émeute, avec casques et boucliers, les ont finalement repoussés après avoir bouclé le quartier où se tenait la Gay pride.

La manifestation des homosexuels, qui avaient déployé le drapeau arc-en-ciel de leur cause, a réuni un millier de personnes, défilant sans incident dans un périmètre restreint du centre ville.

Le gouvernement serbe était représenté par un ministre, celui des Droits de l'Homme et des Minorités, Svetozar Ciplic.

"Il s'agit d'un premier pas. Une longue route nous attend, mais je suis heureuse que cela (la Gay Pride) se soit enfin produit", a déclaré à l'AFP Sara, une participante.

"Après avoir vécu dans la peur, nous avions besoin de cette marche afin de devenir visibles. Etre entourés de policiers n'est pas l'idéal, mais c'est une première (Gay pride). Dans dix ans, peut-être, les choses seront différentes", a estimé Nikola.

Il s'agissait de la première Gay pride à Belgrade depuis 2001, qui s'était soldée par des violences de la part d'éléments ultra-nationalistes et de supporteurs d'équipes de football.

Celle de l'année dernière avait dû être annulée en raison des menaces proférées par ces mêmes milieux.

Plusieurs représentants européens avaient souligné ces jours derniers que la façon dont se tiendrait la Gay pride illustrerait le degré de maturité de la démocratie en Serbie.

"Nous sommes ici pour célébrer ce grand jour que nous avons attendu si longtemps", a déclaré aux manifestants Vincent Degert, le chef de la délégation de la Commission européenne en Serbie.

Constantin Yerocostopoulos, représentant spécial du secrétaire général du Conseil de l'Europe, s'est félicité que les autorités serbes aient "pris toutes les mesures à leur disposition pour assurer notre sécurité".

Après un rassemblement festif à l'issue de leur manifestation, il était prévu que les homosexuels serbes quittent les lieux à bord d'autobus de la police.

Toute la matinée et le début de l'après-midi ont été marqués par de vives tensions et des heurts violents entre la police et des groupes de jeunes très mobiles.

Les policiers ont essuyé des jets de pierres et autres projectiles, avant de charger à plusieurs reprises devant les éléments homophobes qui se dispersaient en courant.

Selon la chaîne de télévision B92, les heurts avaient fait en milieu d'après-midi jusqu'ici cinquante-sept blessés, dont dix civils et 47 policiers.

Il s'agit des troubles les plus importants dans le centre de Belgrade depuis l'arrestation, en juillet 2008, de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.

Ces troubles avaient été perpétrés alors par des éléments ultra-nationalistes, mêlés de jeunes supporteurs, très semblables à ceux de dimanche.

"La chasse a commencé", "mort aux p. (homosexuels)", scandaient dimanche de jeunes manifestants.

Quelques uns d'entre eux brandissaient des icônes, un pope à poigne muni d'une croix en bois tentait de calmer un jeune manifestant déchaîné.

Un groupe d'éléments incontrôlés a vandalisé d'autre part le siège du Parti démocratique (DS) du président Boris Tadic, provoquant un incendie vite maîtrisé.

D'autres incendiaient des bennes à ordures ou brisaient des vitres de voitures.

Le gouvernement serbe a dénoncé les débordements et actes de "vandalisme", annonçant que leurs auteurs seraient traduits en justice.