
Les militants du Tea Party ont attiré l’attention du monde entier en luttant en bloc pour que le gouvernement fédéral ait moins de pouvoir. En revanche, sur les questions de politique étrangère les chefs de parti sont divisés.
Les dernières primaires républicaines son éloquentes : le mouvement Tea Party prend une ampleur inédite. À tel point qu’il est désormais en mesure d’influencer les élections cruciales de la mi-mandat en novembre.
Dans l’État du Delaware, dans l’Ouest des États-Unis, la militante conservatrice Christine O’Donnel a remporté haut la main l’élection sénatoriale primaire face à Micke Castle, républicain plus modéré.
Plus au nord, dans l’État de New York, le favori Tea Party Carl Paladino a très largement raflé la primaire républicaine au poste de gouverneur à l’ancien député Rick Lazio.
"Les citoyens du Deleware ont parlé", a déclaré Christine O’Donnel mardi lors d’un rallye. "Ils ne veulent plus de la politique habituelle. Leur cause est désormais la restauration de [la gloire de] l’Amérique".
Pour les militants du Tea Party, "restaurer [la gloire de] l’Amérique" signifie réduire les dépenses de l’État. Un objectif qui semble pourtant incompatible avec leurs priorités : selon une étude effectuée par la Sam Adams Alliance, une association à but non lucratif basée à Chicago, la question de la défense est considérée comme "très importante" pour 80 % d’entre eux. Or, en 2009, Washington a consacré quelque 782 milliards de dollars à la défense, soit un peu moins d’un quart de son budget global.
Devant cette contradiction, les dirigeants du Tea Party sont, sans surprise, très divisés entre les isolationnistes et les interventionnistes, comme c’est généralement le cas dans la politique américaine.
Le député du Texas Ron Paul a, par exemple, prôné l’approche isolationniste basée sur des restrictions budgétaires. Pour lui, consacrer des milliards de dollars à des bases militaires installées à travers le monde tout en évitant les dépenses à l’intérieur même du pays est une aberration.
Aux primaires du parti républicain dans le Kentucky, Rand Paul a très largement devancé Grayson Trey, favori des hautes sphères du parti, en s’opposant à tout type d’intervention extérieure des États-Unis. "Je m’opposerai aux aides intensives à la reconstruction, dont on fait porter le poids à nos soldats en faisant d’eux les policiers du monde", a-t-il déclaré, devant une foule séduite.
Dans le sillage de la politique étrangère de George Bush
De l’autre côté, se trouve Sarah Palin. Candidate à la vice-présidence en 2008, elle s’était positionnée en faveur d’une politique extérieure proche de celle de George W. Bush lors du rallye Tea Party sur le thème "restaurer l’honneur", et s’était opposée à toute amputation du budget militaire.
Cependant, comme les récentes élections primaires, Tea Party et parti républicain ne font pas bon ménage. Après la victoire de Christine O’Donnel dans le Deleware, le comité central de campagne républicain a fait preuve d’un enthousiasme très mesuré en lui envoyant un message de félicitations on ne peut plus laconique.
Mais l’opinion des militants eux-mêmes complique encore la donne. Un sondage Sam Adams Alliance indique que 96,9 % des militants Tea Party avaient voté pour George W. Bush en 2004. L’été dernier, seulement 50,7 % d’entre eux se sont affiliés au parti républicain.
Reste désormais à savoir quelle forme va prendre la politique extérieure américaine version Tea Party : va-t-elle se calquer sur la politique "préventive" de Bush, ou opérer des coupes franches dans le budget militaire ? À moins que le Tea Party ne trouve une solution intermédiaire.