
La presse américaine affirme jeudi que des représentants du commandement des Taliban, dirigé par le mollah Omar, et le gouvernement du président Hamid Karzaï sont entrés en pourparlers pour tenter de négocier la fin de neuf ans de conflit.
AFP - Les talibans et le gouvernement du président afghan Hamid Karzaï ont entamé des pourparlers secrets de haut niveau sur les moyens de mettre fin à la guerre par la négociation, a rapporté mercredi le Washington Post.
Les pourparlers comprennent, pour la première fois, des représentants autorisés du commandement suprême des talibans dirigé par le mollah Mohammad Omar, a ajouté le quotidien américain, qui cite des sources afghanes et arabes non identifiées.
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"Ils (les talibans) sont très très sérieux dans la recherche d'une issue", a indiqué une source au journal.
Le mollah Omar et d'autres dirigeants talibans des deux côtés de la frontière pakistano-afghane répètent depuis des années que des négociations de paix ne sont pas possibles avant le retrait des forces étrangères d'Afghanistan.
Mais des sources ont indiqué au quotidien américain que les dirigeants talibans savent "qu'ils vont être marginalisés" et qu'ils ont décidé de participer aux pourparlers pour maintenir leur position au sein de la direction des insurgés.
"Ils savent que des éléments plus radicaux sont en train d'être promus au sein du mouvement", a ajouté la source citée par le Washington Post.
Parmi les sujets abordés lors des pourparlers figurent l'octroi de postes au gouvernement pour des dirigeants talibans et le retrait des forces américaines et des autres pays de l'Otan, selon le quotidien.
Mais des représentants du réseau radical Haqqani, qui ont été visés récemment par les raids de drones américains, n'ont pas participé aux pourparlers, ajoute le journal.
Interrogé sur ces informations, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a refusé de se prononcer directement mais indiqué que les Etats-Unis soutenaient la perspective d'un dialogue entre les talibans et le gouvernement Karzaï.
L'administration du président Barack Obama "soutient depuis longtemps (...) un effort de réconciliation mené par les Afghans", a déclaré M. Gibbs, tout en soulignant que les Etats-Unis n'entendaient pas participer à un tel dialogue.
Ces discussions "ne sont pas quelque chose que nous faisons avec les talibans. C'est quelque chose que le gouvernement afghan doit faire avec le peuple d'Afghanistan", a insisté M. Gibbs.
Il a souligné que des discussions avec les talibans supposaient que les rebelles islamistes abandonnent leur soutien à Al-Qaïda, respectent la loi afghane et renoncent à la violence.
Des responsables européens ont déclaré au Washington Post que les représentants de Washington en Afghanistan avaient été jusqu'à l'été plutôt réticents quant à l'idée de discussions avec la rébellion talibane, par crainte de la réaction politique aux Etats-Unis.
Mais ces préventions se sont envolées face à la résistance au combat des talibans en dépit des renforts envoyés sur place par le président Obama, qui s'accompagne d'une lassitude de la guerre dans l'opinion publique américaine.
Le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général David Petraeus, a annoncé la semaine dernière que des talibans avaient commencé à "approcher" le gouvernement et les militaires étrangers pour déposer les armes, ce que le commandement taliban a démenti.
Le président Karzaï a mis en place un plan de réconciliation avec les talibans, qui consiste notamment à financer un programme visant en priorité les rebelles - "soldats" de base de l'insurrection - qui déposeraient leurs armes en échange d'emplois et d'argent, mais a également appelé les chefs talibans, dont le mollah Omar, à négocier la paix.