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Peu avant leur rencontre avec le président Nicolas Sarkozy à l'Élysée, le P-DG et le DG de la Société générale, Daniel Bouton et Frédéric Oudéa, ont annoncé qu'ils renoncent à leurs bonus concernant l'exercice 2008.
AFP - Les dirigeants des principales banques françaises, au pied du mur, ont cédé à l'injonction de Nicolas Sarkozy de renoncer à leurs bonus pour pouvoir bénéficier d'une nouvelle aide publique cruciale en temps de crise.
Le président de la Société Générale, Daniel Bouton, et son directeur général, Frédéric Oudéa, ont annoncé mardi qu'ils renonçaient à leur bonus pour 2008, peu avant une réunion des patrons des grandes banques avec le président à l'Elysée.
Le directeur général du Crédit Agricole, Georges Pauget, devrait aussi être privé de tout bonus pour 2008 par le conseil d'administration de la première banque française réuni mardi, selon une source proche du dossier.
Les dirigeants de BNP Paribas avaient été samedi les premiers à se conformer à la demande présidentielle, soucieux de ne pas priver leur établissement de la possibilité de renforcer ses fonds propres, alors que le rachat de Fortis, qui devait le permettre, est au point mort.
La pression avait redoublé dans l'après-midi, la ministre de l'Economie Christine Lagarde ayant demandé aux banques de "limiter les dividendes versés aux actionnaires" et de "s'interdire de verser des bonus aux dirigeants" pour bénéficier d'un nouvel apport de 10,5 milliards d'euros de fonds publics.
"C'est très clair. Ce n'est pas de l'intention, c'est de l'action. Pas de dividendes", a-t-elle prévenu.
Le gouvernement a imposé le même engagement aux dirigeants des constructeurs automobiles, eux aussi aidés par l'Etat.
Plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, avait dénoncé les propos "amoraux" de certains dirigeants de banques qui traînaient encore les pieds.
Lors du versement de la première tranche de 10,5 milliards d'euros en décembre, les banques s'étaient engagées à augmenter le montant de leur crédit de 3 à 4% en 2009 et à adopter le code éthique du Medef, censé mieux lier la performance des entreprises et la rémunération des patrons.
Mais, accusé de faire des cadeaux aux banques, le gouvernement s'est défendu en rappelant que l'Etat percevrait 800 millions d'euros d'intérêts au titre des 10,5 milliards d'euros prêtés en décembre.
Surtout, il a durci ses exigences, demandant cette fois que les dirigeants renoncent purement et simplement à leur bonus en contrepartie de l'aide fournie par l'Etat, fût-elle payante.
Jugeant que la question des bonus et des dividendes relevait de la "compétence exclusive" des conseils d'administration, la Fédération bancaire française (FBF) avait d'abord opposé une fin de non-recevoir à cette demande.
La question des bonus des dirigeants se posait surtout pour BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole car ce sont les seules banques qui devraient être largement bénéficiaires en 2008, selon les analystes.
Natixis devant afficher une perte en 2008, ses dirigeants, Dominique Ferrero et Philippe Dupont, ne toucheront pas de bonus, selon une porte-parole de la filiale commune aux Caisse d'Epargne et Banque Populaire. Au Crédit Mutuel-CIC, on précise que les dirigeants ne perçoivent pas de rémunération variable.