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Le sommet entre l'Union européenne et la Chine a été empreint d'une certaine tension. Pour cause, Bruxelles a demandé à la Chine de laisser sa monnaie s'apprécier davantage et de réaliser des "progrès" en matière de respect des droits de l'Homme.

AFP - Chinois et Européens ont achevé mercredi soir trois jours de rencontres tendues à Bruxelles marquées par un affrontement sur le yuan, que Pékin refuse de laisser s'apprécier trop vite, et par des frictions sur les droits de l'Homme.

La discorde sur la question des taux de changes a dominé la visite à Bruxelles du Premier ministre chinois Wen Jiabao, d'abord pour un sommet Europe-Asie lundi et mardi, puis un sommet UE-Chine mercredi qui a tourné au dialogue de sourds.

A l'issue de cette rencontre, le président de l'UE Herman Van Rompuy et celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont indiqué avoir "souligné le rôle de taux de change appropriés" pour le bon fonctionnement de l'économie mondiale, lors de leur entrevue avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao.

Une formule diplomatique qui signifie concrètement que les Européens souhaitent voir le yuan s'apprécier davantage par rapport à l'euro, alors que le taux de change de la monnaie unique s'approche lui de 1,40 dollars, au risque de brider les exportations européennes et avec elles la croissance.

La veille, les trois principaux représentants de la zone euro avait déjà réclamé une appréciation "significative" du yuan.

L'Europe, à l'instar des Etats-Unis qui envisagent des mesures de rétorsion commerciales, soupçonnent Pékin de faire de la dévaluation compétitive en maintenant sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour doper les exportations et la croissance chinoises.

Mais M. Wen est resté ferme mercredi. Lors d'un forum économique, il a demandé aux Européens d'arrêter de lancer de tels appels.

"Je dis aux dirigeants européens: ne rejoignez pas le choeur qui fait pression pour une réévaluation du yuan", a-t-il déclaré. A ses yeux, une appréciation brusque de la monnaie "conduirait beaucoup d'entreprises chinoises à la faillite" et créerait "des troubles sociaux".

Une telle crise "ne serait pas une bonne chose pour le monde dans son ensemble", a-t-il mis en garde.

De manière générale, l'inquiétude grandit, y compris au sein du FMI, face à la "guerre des changes" que semblent se livrer les grandes puissances pour affaiblir leurs devises respectives afin d'exporter davantage dans une contexte de crise économique persistante.

Si la Chine est réticente à laisser le yuan se réévaluer, le Japon est aussi intervenu pour affaiblir le yen, le Brésil a pris des mesures pour limiter l'entrée de capitaux dans le pays et la hausse du real, tandis que les Etats-Unis ne font rien pour faire remonter le dollar.

Le commerce n'a pas été le seul sujet de contentieux entre l'UE et la Chine lors du sommet.

Les responsables européens ont indiqué avoir "appelé à des progrès" en matière de respect des droits de l'Homme, notamment "civils et politiques".

Un haut fonctionnaire européen ayant participé aux discussions a confié à l'AFP que les débats avec Pékin avaient été compliqués.

"Nous avons joué cartes sur table", a-t-il déclaré. "Nous nous sommes écoutés les uns les autres et sommes parvenus plus ou moins à établir un dialogue en matière économique mais cela n'a pas été un sommet facile", a-t-il ajouté.

MM. Van Rompuy et Barroso ont eux-mêmes résumé l'ambiance de manière polie: "la Chine et l'UE ont des choses en commun mais aussi des différences d'approche".

Fait assez inhabituel pour ce type de sommet, la conférence de presse UE-Chine, prévue mercredi soir, a été annulée au dernier moment, officiellement par manque de temps. M. Wen a quitté mercredi soir Bruxelles pour l'Italie où il devait poursuivre jeudi une tournée européenne, avant la Turquie.