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L'UE signe un accord de libre-échange historique avec la Corée du Sud

Pacte le plus important jamais scellé par l'Union européenne, le texte signé, ce mercredi, à Bruxelles, prévoit de faire tomber la quasi totalité des barrières douanières entre les Vingt-Sept et Séoul.

Il n’y a pas que la Chine dans la vie. À l'occasion de la 8e réunion Asie-Europe (Asem), qui se tient à Bruxelles depuis lundi, l’Union européenne (UE) a finalisé, mercredi, le plus important accord de libre-échange de son histoire avec la Corée du Sud. Le texte prévoit le démantèlement de 98,7 % des barrières douanières à partir du 1er juillet 2011.

L’UE estime que cet accord permettrait de doubler le volume des échanges avec la Corée du Sud, aujourd'hui estimé à 54 milliards d’euros par an. Selon Stephen Woolcock, professeur à la London School of Economic, les Vingt-Sept devraient sortir gagnants de cet accord puisqu'il pourrait générer, dans les années à venir, près de 30 milliards d’euros supplémentaires par an.

Le Vieux Continent n’a pas choisi Séoul par hasard. Troisième partenaire commercial asiatique le plus important, derrière la Chine et le Japon, la Corée du Sud effectue 55 % de ses échanges avec ses voisins asiatiques, mais la part de ses importations d’autres régions a sensiblement augmenté ces dernières années. Une chance pour l’UE qui espère profiter du fait que les États-Unis, eux, refusent toujours de signer un accord de libre-échange avec la Corée du Sud.

Le secteur automobile inquiet

De fait, Washington redoute le contrecoup économique qu’un tel traité pourrait engendrer. En Europe également, les choses n’ont pas été faciles. La cause ? L’industrie automobile, principalement. La fin des barrières douanières risque en effet de donner un sérieux coup de pouce aux exportations de voitures coréennes, qui sont largement moins chères que leurs homologues européennes.

Cette perspective effraie les constructeurs et les syndicats du secteur automobile. L'Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) a même estimé que cet accord se traduira, en Europe, par la destruction d’environ 30 000 emplois. Une vision sombre du traité de libre-échange qui a longtemps plombé les négociations entre Bruxelles et Séoul.

En octobre 2009, un accord similaire avait déjà été entériné par la Commission européenne... sans recevoir l'aval du Parlement européen et de l'ensemble des États membres. Soucieuse de protéger sa marque Fiat, l’Italie a longtemps opposé son veto avant d'obtenir, en juillet dernier, un moratoire de six mois du traité afin de préparer son industrie automobile.

Au final, pour l’UE, cet accord peut surtout permettre d'ouvrir la voie à d'autres pactes avec des pays asiatiques. Le Japon et la Malaisie ont d’ores et déjà signifié qu’ils étaient disposés à entamer des négociations avec les Vingt-Sept.