Le Sénat entame l'examen du projet de réforme des retraites adopté par les députés le 15 septembre. Près de 1 000 amendements ont été déposés par l'opposition, qui compte sur une forte mobilisation dans la rue pour faire reculer le gouvernement.
La balle est désormais dans le camp des sénateurs. Ce mardi après-midi, la chambre haute du Parlement entamera l’examen du projet de loi sur la réforme des retraites, que les députés ont déjà voté le 15 septembre dernier à l’issue d’une intense première bataille parlementaire. Les débats prévus au Palais du Luxembourg devraient durer 85 heures.
Avant l’ouverture des débats, Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste (PS), et Éric Woerth, le ministre du Travail, ont battu le rappel de leurs troupes en convoquant les sénateurs de leurs camps respectifs.
Pour l’opposition, l’examen du texte au Sénat représente la dernière chance d’obtenir le retrait de cette réforme phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy et d’empêcher la mise en place du recul de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.
Au Palais du Luxembourg, l’opposition n’a qu’une seule stratégie possible pour réussir son pari : multiplier les prises de parole (la durée des débats n’est pas limitée comme à l’Assemblée nationale) pour gagner du temps, et compter parallèlement sur une amplification de la contestation sociale dans la rue.
Les yeux rivés sur le 12 octobre
- Les femmes : Pour prendre en compte les inégalités salariales et les carrières plus courtes des mères de famille, la droite pourrait prévoir des aménagements.
- Le handicap : la majorité pourrait réévaluer les critères pour permettre à un plus grand nombre de travailleurs reconnus handicapés de bénéficier d’un accès à la retraite anticipée.
- La pénibilité : le PS compte "se battre sur la pénibilité" et faire en sorte que celle-ci soit prise en compte branche par branche plutôt qu’individuellement comme prévu dans le projet de loi actuel.
"Le cocktail mobilisation sociale et débat parlementaire peut faire bouger les lignes", estime Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat, dans une interview au "Parisien". "Souvenons-nous du CPE [Contrat première embauche, ndlr] en 2006 : le texte est arrivé au Sénat au moment où la jeunesse était dans la rue toutes les semaines. C'est là que le gouvernement a compris que sa réforme ne pouvait pas passer", rappelle le sénateur de l'Ariège.
C’est peu dire que, dans ce contexte, la mobilisation lors de la prochaine journée d’action prévue par les syndicats sera suivie de près. Mardi, les syndicats, bien que divisés sur les modalités d’action, ont annoncé qu’elle se déroulerait le 12 octobre prochain. Ils envisagent également de poursuivre le mouvement de contestation le samedi 16.
Le gouvernement, de son côté, garde une marge de manœuvre, même si celle-ci est "étroite", avertit le patron des sénateurs UMP, Gérard Longuet. Ce mardi, sur Europe 1, Éric Woerth a quant à lui assuré que le texte "allait continuer à évoluer", notamment pour tenir compte de la situation spécifique des femmes. Lundi, le ministre du Travail a signé, avec quatre autres ministres du gouvernement, une tribune dans le journal "Le Monde" où il dénonce les "idées reçues" sur ce sujet.
Mais le gouvernement n’a toujours pas dévoilé les points sur lesquels il compte lâcher du lest. Et il ne devrait pas le faire avant la journée de mobilisation du 12 octobre.
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