
Nicolas Sarkozy avait conseillé au Luxembourg, la semaine dernière, d’accueillir les Roms chez eux. Des propos mal accueillis. Au-delà de cette polémique, des centaines de Roms ont été expulsés du sol français ces dernières semaines. Que sont-ils devenus ? Vont-ils essayer de revenir en France ?
Depuis le début du mois d’août, c’est le quatrième vol de rapatriement des Roms en provenance de France et ce ne sera sûrement pas le dernier. Avec les quelques affaires qu’ils ont ramenées de France, les Roms rentrent chez eux. A la sortie de l’aéroport, personnes ne les attend. En Roumanie, ils vont retrouver la misère qu’ils ont voulu fuir. Mais ils se préparent déjà à retourner dans l’Hexagone. « On va partir en France le plus vite possible, affirme Violeta Cutitaru, une Rom rentrée de Montepellier. Je n’ai rien à donner à manger à mes enfants et je suis prête à tout risquer pour eux. Je ne veux agresser personne mais je dois faire quelque chose pour eux. » Son marin Adrian Cutitaru, ne fait pas un secret de ses intentions. « Repartir en France, c’est notre seule chance, déclare-t-il. On va y aller dans quelques jours peu importe ce qu’il va nous arriver. Nous sommes prêts à s’immoler devant les autorités françaises que ce soit les préfectures ou les mairies. »
A Barbulesti, un petit village situé à une centaine de kilomètres de Bucarest, on compte plus de 7000 Roms. La plupart d’entre eux sont déjà allés au moins une fois en France. Sans travail et sans perspectives, ces Roms ont trouvé refuge dans la foi. Dans leur église improvisée, ils pratiquent le pentecôtisme, un culte néo protestant importé d’Amérique. « Tu nous connais, Dieu ! Mon Dieu, écoute-nous ! », s’exclame le prêcheur devant une foule tombée dans l’extase de la prière. Néanmoins la politique d’expulsion de la France a profondément marqué cette communauté, qui croyait avoir trouvé la liberté de circuler en Europe. « Pour nous c’est un deuxième Holocauste, une deuxième déportation pour les Roms de Barbulesti !, s’exclame le maire du village, Ion Cutitaru. C’est contraire à toutes les lois. La charte des droits de l’Homme que l’Etat français a signée garantit nos droits car nous ne sommes pas des émigrants mais des Européens depuis des milliers d’années. »
Sédentarisés de force sous le régime communiste, les Roms ont profité de l’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne en 2007 pour chercher une vie meilleure à l’Ouest.
« Regardez où nous vivons !, lance Adrian Cutitaru en montrant du doigt le petit taudis où il vit entassé avec le reste de la famille. Nous sommes sept dans une chambre de quatre mètres sur quatre. C’est pour ça que nous allons bientôt partir en France. L’hiver arrive et nous n’avons rien ici. » Aujourd’hui, même les démantèlements musclés de leurs camps en France et les rapatriements de plus en plus fréquents ne leur font pas changer d’avis. Les Roms de Barbulesti repartiront.