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Le petit club du Cesena fait déjà trembler les grands

A peine promu en première division italienne, l'AC Cesena, modeste club de la petite ville du même nom, s'est offert le scalp de l'AC Milan et s’est octroyé, à la surprise générale, la première place du Calcio.

Cesena, ses 90 000 âmes, son château, ses donjons, sa bibliothèque inscrite au patrimoine de l’Unesco et son équipe de football. Rien de neuf, si ce n’est qu’après trois journées de championnat, cette petite équipe partage la tête de la première division italienne avec le tenant du titre, l’Inter Milan. A peine promu, ce modeste club de l’Émilie-Romagne (Nord) a déjà fait parler d’elle en tenant en échec l’AS Roma (0-0) et en faisant tomber l’AC Milan de Silvio Berlusconi (2-0). L’occasion pour le président du conseil italien de fustiger "l’arbitrage de gauche" qui sévit en Serie A et de secouer, au passage, ses nouvelles recrues, Zlatan Ibrahimovic et Robinho en tête, qui ont coûté au club lombard la bagatelle de 42 millions d’euros, soit plus du double du budget annuel du Cesena…

Deux mille femmes abonnées

Cela faisait 19 ans que le Cesena n’avait plus vécu les honneurs de la première division. Mais le public local y a vite repris goût. Déjà, l’an dernier, en Serie B, le club avait enregistré le chiffre record de 8 175 abonnements. Une fois l'équipe assurée d'évoluer parmi l'élite, son président, Giorgio Lugaresi, s'était engagé à remplir les 23 860 places du stade Dino-Manuzzi en atteignant  les 10 000 abonnés. Pari largement réussi puisque le Cesena en compte désormais 10 801, dont 2 000 femmes et 500 "packages famille", précise le "Corriere dello Sport", comme pour marquer une différence entre les clubs aux tifosi enragés et le Cesena, au public décidément plus fréquentable.

Mais si le Petit Poucet italien vit aujourd'hui sa "dolce vita", c'est en grande partie grâce à des joueurs expérimentés comme l’attaquant albanais Erjon Bogdani (33 ans), le défenseur argentin Maximilano Pellegrino (29 ans) et le milieu ghanéen Stephen Appiah (29 ans). Après 14 ans de bons et loyaux services au sein de sa sélection nationale, où il comptabilise 17 buts pour 68 capes, l'ancien capitaine des Black Stars a indiqué vouloir se consacrer pleinement à sa nouvelle équipe. Avant de se rendre au Cesena, la "Tornade" est passée par l’Udinese, Parme, Brescia, la Juventus de Turin et le Fenerbahçe, en Turquie, avec lesquels il a remporté plusieurs trophés (Coupe d’Italie avec le club parmesan et la Super Coupe avec l’équipe turinoise).

L'antithèse du football "bling-bling"

Autant d’expérience utile au Cesena, qui espère faire aussi bien que le Chievo Vérone en 2001. A peine arrivé en première division, ce petit club de la banlieue de Vérone avait surpris les mastodontes du Calcio de l’époque en terminant cinquième de la Serie A.

Et, comme en ce temps-là, la "Gazzetta dello Sport", quotidien sportif transalpin de référence, ne cesse d’encenser le petit nouveau. "Cesena pris de vertiges !", titrait, ce lundi, le journal rose après sa dernière victoire face à Lecce. "Le Cesena met du cœur sur le terrain et gagne 1-0 face à Lecce. Aujourd’hui, après trois journées, il regarde déjà ses adversaires de haut."

Antithèse du "football bling-bling", le club émilien sait qu’il pourra également compter sur les tifosi d’un football simple, loin des millions des stars et des strasses des grands clubs rutilants du Nord.