En visite au Royaume-Uni, le pape a rencontré des victimes de prêtres pédophiles et exprimé sa "honte" face aux souffrances qu'elles ont subies. Des milliers de manifestants ont défilé pour dénoncer "l'archaïsme" du Vatican.
AFP - Benoît XVI a réexprimé sa "honte" lors d'une rencontre samedi à Londres avec des victimes de prêtres pédophiles, organisée à l'avant-dernier jour de sa visite au Royaume-Uni au moment où des milliers de manifestants défilaient contre les abus sexuels et "l'archaïsme" du pape.
En fin de journée une foule de quelque 80.000 fidèles a participé à une veillée de prière en plein air à Hyde Park, immense espace de verdure au coeur de la capitale. "Nous sommes avec vous à 100%, papa", proclamait une banderole.
La cérémonie était dédiée au cardinal John Henry Newman, théologien anglican converti en 1845 au catholicisme, que le pape béatifiera dimanche à la faveur d'une ultime grand-messe à Birmingham (centre).
Comme cela avait été le cas lors de précédents déplacements aux Etats-Unis, en Australie et à Malte, la rencontre avec des victimes, cinquième du genre, a été annoncée a posteriori par le Vatican, et s'est déroulée en privé.
Elle a eu lieu à la Nonciature apostolique de Londres, l'équivalent d'une ambassade. Il y avait cette fois 4 femmes et 1 homme, originaires du nord de l'Angleterre, de Londres et d'Ecosse. L'entretien a duré 30 à 40 minutes.
Benoît XVI a "exprimé sa profonde affliction et sa honte face aux souffrances qu'elles ont subies, elles et leurs familles", a indiqué le Vatican dans son communiqué.
Il a assuré les victimes que l'Eglise catholique déployait "des mesures efficaces pour protéger les jeunes", "enquêter sur les accusations", mais aussi "collaborer avec les autorités civiles et traduire en justice les membres du clergé et les religieux accusés de ces crimes extrêmes".
Il ne s'est pas écoulé un jour sans que le pape n'évoque les abus depuis son arrivée jeudi pour une visite d'Etat historique en terre anglicane, cinq siècles après le schisme provoqué par Henry VIII.
Samedi, il a qualifié "d'innommables" les crimes des prêtres lors d'une homélie en la cathédrale catholique de Westminster. En décembre, il les avaient dénoncés comme "abominables".
Le scandale est l'un des pires traversé par l'Eglise depuis des décennies. Il a éclaté en novembre 2009, avec la publication d'un rapport révélant des centaines de sévices sexuels sur des enfants par des prêtres en Irlande, couverts par la hiérarchie. Des agissements similaires ont depuis lors surgi, notamment en Allemagne et en Belgique.
Parmi les milliers de manifestants qui ont défilé samedi après-midi à Londres, nombreux étaient ceux qui demandaient "des gestes, pas des mots" pour les victimes. Le nombre des protestataires était évalué à 3.000 par la police, et à 10.000 par les organisateurs.
Barbara Dorris, une Américaine, brandissait une photo d'elle en communiante à sept ans, âge où elle a été maltraitée par un prêtre. "Le pape n'arrête pas de demander pardon mais il n'agit pas", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Chef de la plus grande bande d'abuseurs d'enfants", pouvait-on lire sur des pancartes.
Les manifestants répondaient à l'appel d'une coalition hétéroclite de défenseurs des droits des homosexuels, de l'ordination des femmes, de laïques protestant contre le coût du déplacement papal (près de 25 millions d'euros).
Benoît XVI a paru visiblement éprouvé lors de la messe à Westminster, au début d'une journée particulièrement chargée pour un homme de 83 ans.
Cependant, il n'a modifié ni son parcours ni son programme, y compris après l'arrestation vendredi de six personnes soupçonnées d'"actes de terrorisme" en liaison avec sa visite. Un événement minimisé par le porte-parole du Vatican Federico Lombardi : "Nous n'avons jamais accordé une grande importance à ces arrestations", a-t-il dit.