Un groupe de sept personnes, dont cinq Français, a été enlevé jeudi matin à Arlit, dans le nord du Niger. La société Areva a confirmé le rapt de deux employés français, précisant que les trois autres travaillent pour Sogea-Satom.
REUTERS - Sept personnes, dont cinq Français employés d'Areva et de Sogea-Satom, filiale BTP pour l'Afrique du groupe Vinci, ont été enlevées jeudi dans le nord du Niger.
Les autorités françaises et les deux groupes industriels ont annoncé que ces enlèvements avaient eu lieu dans une zone riche en uranium où se trouvent des insurgés d'Al Quaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui ont déjà revendiqué des prises d'otages.
"J'ai appris extrêmement tôt ce matin la prise en otage de sept ressortissants étrangers travaillant au Niger. Et parmi ces sept ressortissants étrangers, cinq Français", a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Il a annoncé qu'il quittait le Conseil européen pour "réunir un conseil restreint de défense à l'Elysée dès mon retour à Paris ce (jeudi) soir pour envisager les mesures à prendre".
Les enlèvements se sont déroulés dans la ville d'Arlit.
"A la minute où je vous parle, les auteurs de ces enlèvements ne sont pas identifiés, nous n'avons pas de certitude", a ajouté le président en précisant que les autorités nigériennes et françaises mettaient tout en oeuvre pour retrouver les sept ressortissants étrangers enlevés.
Dans un communiqué commun, Vinci et Areva précisent que parmi les personnes enlevées figurent cinq collaborateurs de Satom et un collaborateur d'Areva ainsi que son épouse.
Enlevés en pleine ville
Deux des cinq salariés de Satom enlevés sont des ressortissants togolais et malgache, a dit le gouvernement nigérien, réfutant l'information selon laquelle un Colombien faisait partie des victimes.
itToutes les personnes ont été enlevées en pleine ville, a dit un homme d'affaires local. "Ils sont allés dans leurs maisons et les ont enlevés. Ils savaient exactement où ils étaient", a-t-il ajouté.
De source nigérienne, on indique que les forces de la base militaire de Madawela, proche d'Arlit, patrouillent dans la région à la recherche des personnes enlevées.
"Il va de soi que la situation extrêmement préoccupante que nous vivons montre que nous devons redoubler de vigilance", a ajouté Nicolas Sarkozy à propos de la menace terroriste contre les intérêts français en France et à l'étranger.
Le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a estimé à Paris que la menace s'était renforcée.
"La menace terroriste s'est réellement renforcée ces derniers jours et ces dernières heures", a-t-il souligné.
Le groupe nucléaire Areva avait déclaré fin juillet limiter au strict nécessaire les déplacements de son personnel au Niger, où avait été enlevé en avril dernier Michel Germaneau, un otage français dont l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a annoncé l'exécution fin juillet.
Areva, qui emploie 2.500 personnes au Niger, dont 50 expatriés, pour l'essentiel des Français, exploite deux mines d'uranium dans le nord du pays, une région instable en raison de la porosité de ses frontières avec l'Algérie et le Mali.
D'importantes ressources en uranium
En juin 2008, quatre salariés d'Areva avaient été enlevés quelques jours par
des insurgés dans la région avant d'être relâchés en bonne santé.
Areva a mis en place il y a plusieurs années des mesures de protection de son personnel au Niger, en créant notamment des zones sécurisées en dehors desquelles tout déplacement est strictement encadré.
Des responsables des services de sécurité français ont averti des risques d'actions terroristes après l'annonce de la mort de Michel Germaneau. L'inquiétude s'est accrue avec l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Sur le territoire français, le gouvernement a adapté, début août, son plan antiterroriste Vigipirate.
Le dispositif actuel de sécurité destiné à prévenir les menaces ou à réagir aux actions terroristes est au niveau rouge, l'avant-dernier sur l'échelle des risques, depuis les attentats de Londres en 2005.
Tout en le maintenant à ce niveau, le gouvernement a décidé de renforcer la vigilance devant les lieux de culte sensibles, les sites touristiques, les espaces accueillant de grands événements, les grands magasins et les centres commerciaux.
La Tour Eiffel et ses environs ont été évacués mardi soir à Paris après une alerte à la bombe. La procédure faisait suite à un appel téléphonique anonyme qui s'est révélé sans fondement.