Les autorités indiennes ont déployé des milliers de policiers au Cachemire pour faire respecter le couvre-feu, mis en place au lendemain de la journée la plus meurtrière depuis le début du mouvement de protestation contre l'autorité de New Delhi.
AFP - Les forces de sécurité indiennes tentaient de faire respecter un strict couvre-feu mardi au Cachemire au lendemain de la journée la plus sanglante (17 morts) depuis le début d'un mouvement de protestation en juin dans cette région à majorité musulmane.
Trois civils blessés grièvement sont morts pendant la nuit et un policier est également décédé, s'ajoutant ainsi aux 13 tués dénombrés lundi, ont indiqué à l'AFP des officiers de police sous le couvert de l'anonymat.
Un couvre-feu a été instauré dans la quasi-totalité de la vallée du Cachemire "afin de maintenir la paix", a indiqué la police de Srinagar.
La police anti-émeutes et les forces paramilitaires patrouillaient dans les rues désertes
de Srinagar. Les carrefours ont été bloqués avec des barbelés et la police criait aux habitants de rester chez eux, a indiqué le correspondant de l'AFP.
Les vols à l'arrivée ou en provenance de Srinagar étaient suspendus.
Deux personnes ont été blessées mardi par des coups de feu tirés par la police après qu'un petit groupe eut violé le couvre-feu en manifestant dans le district de Baramulla (nord du Cachemire), selon la police.
Lundi a été la journée la plus meurtrière depuis le début d'un mouvement de protestation contre l'autorité de New Delhi il y a trois mois après la mort d'un étudiant de 17 ans tué par la police lors d'une manifestation séparatiste le 11 juin. Cette vague de troubles a fait au moins 87 morts, des civils pour la plupart tués par les balles des forces de sécurité indiennes.
Le gouvernement indien, réuni lundi soir, a finalement décidé de ne pas lever l'état d'urgence, ne serait-ce que partiellement, en vigueur au Cachemire depuis 20 ans et qui suscite la colère des habitants, majoritairement musulmans. Des centaines de milliers de soldats sont déployés au Cachemire dont l'autre partie est contrôlée par le Pakistan.
Le gouvernement indien n'a rien annoncé, sauf la tenue d'une réunion multipartite dans la semaine, pour discuter de la situation.
Les violences de lundi ont été provoquées par la diffusion d'images montrant un groupuscule chrétien déchirant des pages du Coran samedi devant la Maison Blanche à Washington, a précisé la police. Les autorités ont interdit la diffusion sur le câble de la chaîne iranienne de télévision (Press TV) qui avait passé ces images.
Des manifestants ont notamment incendié une école religieuse chrétienne dans le village de Tangmarg (ouest), sans faire de victime. Mais la police a ensuite tiré sur la foule, qui selon elle mettait le feu à des bâtiments gouvernementaux, et a tué six personnes.
Les tensions étaient vives bien avant l'incident du Coran.
La partie indienne du Cachemire est le théâtre d'une insurrection contre l'administration de New Delhi, qui a fait plus de 47.000 morts depuis 1989, selon des chiffres officiels.
Un processus de paix entamé en 2004 avec le Pakistan avait permis d'enrayer la violence avant la recrudescence du début de l'été.
New Delhi y voit l'oeuvre en sous-main d'extrémistes pakistanais. Mais de nombreux dirigeants locaux estiment que le désespoir des jeunes et l'intransigeance de l'Inde ont mis le feu aux poudres. La région de 12 millions d'habitants compte environ 400.000 jeunes chômeurs.
Selon un sondage publié dimanche, environ deux tiers des habitants du Cachemire indien aspirent à l'indépendance de leur région et moins d'un sur dix souhaite être rattaché au Pakistan.