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52 % des salariés de Continental, en Midi-Pyrénées, ont accepté hier un plan de la direction pour réduire le coût du travail en échange d’un maintien de la charge de travail. Les syndicats appelaient à boycotter le scrutin qualifié de "chantage".
Acceptez-vous de réduire de 8 % le coût du travail en échange de l’assurance de garder votre emploi sur le site jusqu’en 2015 ? Voici la question posée par référendum, hier, par la direction de Continental Automotive aux 2 500 salariés des trois usines du Sud-Ouest de la France (Toulouse, Boussens en Haute-Garonne, et Foix dans l'Ariège).
Résultat : Oui, ont répondu 52 % des salariés des trois sites, selon la direction. Le taux de participation a atteint 83 %. En votant en faveur de ce projet, baptisé "Plan de maintien de l'emploi 2015", ils ont ainsi accepté un gel des salaires en 2011, une baisse de leur prime d’intéressement et l'abandon de deux jours de RTT par an. En échange de quoi, la direction en Allemagne s'engage à maintenir la charge de travail jusqu’en 2015.
C’est un "encouragement fort pour la poursuite du développement" des activités de Continental Automotive France, a commenté son président Antoine Jouin. "À travers cette approbation, je mesure l'attachement des salariés à leur entreprise ainsi que leur lucidité quant au contexte auquel nous sommes confrontés", a-t-il indiqué.
"Un référendum illégal", dénonce la CGT
Les syndicats CGT et CFDT de l'entreprise, majoritaires à 60 % sur ces trois sites de production de composants électroniques pour automobiles, avaient appelé à boycotter le vote. "Cette consultation bidon est le résultat d'un chantage organisé par la direction pour augmenter de 8 % ses profits. Notre société ne connaît aucun problème économique. Elle fait des bénéfices, sa rentabilité sur investissements est de 65 % et les carnets de commandes sont pleins", a déclaré à Reuters Olivier Grimoux, délégué CGT.
Le tract du syndicat distribué hier rappelait les bénéfices de la société : "2009 : 38 M€ ; 2010 : entre 50 et 60 M€".
"De toute façon, c'est la loi, celle d'août 2008, qui prévaut sur les consultations salariales. Un tel référendum est donc illégal. Seuls les syndicats majoritaires, ce que nous sommes, peuvent signer un tel accord. Et nous ne le signerons pas", a déclaré Grimoux qui ajoute que Continental tente d'instaurer "un dumping social", mettant en concurrence les sites européens de l’entreprise.
Pour la CFDT, l'ensemble des mesures proposées par la direction représente une baisse nette du salaire de 1,4 %, la suppression de diverses primes, une diminution drastique de l'intéressement, entre 8 et 13 jours de travail de plus et la suppression de plus de 100 postes d'intérimaires et sous-traitants. Elle affirme que les contreparties, en termes d'emplois et d'investissements, ne sont pas chiffrées.
Le même scénario qu’à Clairoix ?
Mais surtout, cette situation n’est pas sans rappeler le douloureux épisode de l’usine Continental de Clairoix (Oise). Les salariés de ce site picard avaient accepté un retour aux 40 heures en échange, déjà, de promesses de maintient de l’activité. Mais en 2009, l’usine avait fermé. Une délégation avait fait le déplacement, hier, en Midi-Pyrénées.
Selon la direction, le plan est vital pour la survie des trois sites. Non pas à très court terme puisque Continental est une entreprise profitable, mais au-delà car les usines vont au-devant d'une baisse alarmante de leurs commandes en 2012 et 2013. Le groupe, qui emploie 143 500 salariés à travers 46 pays, a réalisé un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros en 2009.
La CGT comme la CFDT ont d'ores et déjà annoncé qu'ils dénonceraient tout accord qui serait signé avec la direction. Les syndicats minoritaires de l'entreprise, qui avaient appelé à participer au scrutin, doivent se réunir pour déterminer la suite à donner aux événements.