Les syndicats espèrent 2 millions de manifestants, mardi, contre le projet de réforme des retraites. Suivez les manifestations en direct des cortèges et le débat au Parlement, où l'examen du texte débute ce même jour.
Premier grand débat à l’Assemblée nationale, premières grandes grèves de la rentrée. Ce mardi, les syndicats espèrent une mobilisation massive pour protester contre la réforme des retraites, texte dont les députés commenceront l’examen le même jour dans l'hémicycle.
Et les centrales sont optimistes. François Chérèque, secrétaire général de la CDFT, estime déjà que le mouvement "est une réussite", espérant sur RTL ce mardi des "signes" de la part du gouvernement "dans les jours à venir". Son homologue de la CGT, Bernard Thibault, prévoit "une journée exceptionnelle" et pronostique même sur Europe 1 l'"événement social de ces dernières années".
Le ministère de l'Intérieur annonçait à la mi-journée, ce mardi, une mobilisation de 450 000 manifestants à travers la France .
Forts des sondages qui leur sont favorables, les syndicats espèrent rassembler plus de deux millions de personnes sur l’ensemble du territoire. Un sondage BVA pour M6 paru dimanche indique que 63 % des personnes interrogées jugent le mouvement "justifié". Selon une autre enquête réalisée par l’Ifop pour "Dimanche Ouest-France", 70 % des Français approuvent la grève. Le même sondage indique cependant que 53 % d'entre eux trouvent "acceptable" le report de l’âge du départ à la retraite.
Lors du précédent mouvement, le 24 juin, la police avait estimé à 800 000 le nombre de manifestants mobilisés dans toute la France.
Les premiers indicateurs sont mitigés. Dans les transports, le mouvement est moins massif qu’annoncé. Dans le métro parisien, "le trafic est un peu meilleur que prévu et 80 % du trafic est assuré en moyenne", a déclaré, mardi, une porte-parole de la RATP. Par ailleurs, la direction de l'entreprise francilienne a recensé mardi 22% de grévistes sur l'ensemble de son personnel. Soit un taux en hausse par rapport à la dernière journée d'action interprofessionnelle sur les retraites le 24 juin, où 18% avaient cessé le travail. À la SNCF, en revanche, les perturbations sont conformes aux prévisions.
Anticipant cette grande rentrée sociale, les enseignants du secondaire avaient ouvert le bal dès lundi. Ils ont entamé une grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et les suppressions de postes.
La cible principale de la grogne syndicale est la disposition phare du gouvernement visant à relever progressivement l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans (contre 60 ans actuellement) et celui de l’âge du départ à taux plein à 67 ans (contre 65 ans aujourd'hui) en 2018. Une mesure qui, selon les syndicats et l’opposition de gauche, ne fera que renforcer les inégalités et ne prend pas en compte "la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés".
Le gouvernement inflexible sur l’âge de la retraite
Face au bras de fer qui s’annonce, le gouvernement a d’ores et déjà consenti à ouvrir des négociations sur plusieurs points du texte. "Certaines modalités du projet de loi [pourront être discutées] pour tenir compte de la pénibilité, pour tenir compte du rythme du travail des femmes", a déclaré dimanche soir sur la chaîne i>Télé, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, avant d'ajouter toutefois : "Je ne crois pas que, sur les grandes variables du projet des retraites, on puisse beaucoup bouger".
Le report de l’âge légal de départ à la retraite reste, en effet, un point sur lequel le gouvernement entend rester inflexible. Au lendemain de la mobilisation du 24 juin, le Premier ministre François Fillon avait affirmé que son gouvernement ne transigerait pas "sur les principes fondamentaux de la retraite" - à savoir le relèvement de l’âge de départ. Dimanche, Henri Guaino a de nouveau insisté sur ce point, affirmant que "[le gouvernement] ne bougera pas là-dessus parce que l’impact est extrêmement important".
Sur Europe 1, Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, a prévenu, quant à lui, que "Nicolas Sarkozy est tout à fait déterminé à aller jusqu’au bout". La réforme des retraites, projet phare du mandat du chef de l’État, a pour objectif de juguler les déficits croissants des régimes pour parvenir à l'équilibre en 2018.
Un rude face-à-face - avec l'opposition dans l’hémicycle, avec les syndicats dans la rue - attend donc le gouvernement. D’autant plus que l’affaire Woerth-Bettencourt le place dans une position particulièrement délicate. Selon un sondage publié dimanche par Harris Interactive pour RTL, 60 % des Français souhaiteraient qu’Éric Woerth, le ministre du Travail qui a été l'artisan principal de la réforme des retraites, soit déchargé du dossier.
Les syndicats, qui s’étaient jusqu’alors mis d'accord pour ne pas commenter l’affaire
Woerth-Bettencourt, s’inquiètent désormais ouvertement de voir leur interlocuteur sur le dossier des retraites embourbé dans la polémique. "Comment peut-il gérer en même temps ses problèmes personnels [...] et la réforme des retraites ?", s'est ainsi récemment interrogé François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, avant de déplorer : "On n’aborde plus du tout le fond du dossier".