
Quatre mois après le passage de la tempête tropicale Agatha, des pluies diluviennes ont provoqué la mort de 38 personnes et fait près de 40 000 sinistrés au Guatemala. Le président Alvaro Colom parle de "tragédie nationale".
AFP - Des glissements de terrain provoqués par de fortes pluies ont fait 38 morts, 23 disparus et plus de 40.000 sinistrés ce week-end au Guatemala, démuni face à ce drame quatre mois après le passage d'une tempête tropicale ayant fait 165 morts et un milliard de dollars de dégâts.
"C'est une tragédie nationale. Rien que ce week-end, il y a eu des dégâts comparables à ceux d'Agatha", a déclaré dimanche le président Alvaro Colom, faisant référence à la tempête tropicale du mois de mai.
La veille, il avait déjà décrété l'état d'urgence car le pays "n'a pas de fonds pour faire face à une autre catastrophe comme celle d'Agatha".
Selon lui, il faudrait un demi-milliard de dollars pour faire face à la situation, alors que les secouristes ont recensé plus de 40.000 sinistrés, que des routes se sont effondrées et que des maisons sont noyées sous la boue.
Dimanche matin, Alvaro Colom s'est rendu à Solola (ouest), où les secouristes ont retrouvé 18 corps, selon un dernier bilan communiqué dans l'après-midi.
Et une nouvelle coulée de boue en soirée a fait un mort et huit blessés, dont deux enfants, ont annoncé les secours.
Les travaux de recherche d'une vingtaine de personnes, qui seraient ensevelies sous la boue, ont ensuite été interrompus par la reprise de la pluie, en raison des risques de nouveaux glissements de terrain.
La plupart des victimes ont en effet été ensevelies par une coulée de boue samedi alors qu'elles tentaient de porter secours aux passagers d'un autocar, à des automobilistes et à des piétons emportés au fond d'un ravin de 300 mètres de profondeur par un glissement de terrain.
"Ils ont commencé à creuser la terre par leurs propres moyens, avec des pelles et des houes, ils voulaient participer aux secours, mais ils ont couru à leur perte", a déclaré à une radio locale Vitalino Andres, un habitant de la zone, qui cherche son neveu.
"L'endroit n'est pas sûr. Par moments, on entend des grondements en provenance de la colline et cela signifie que d'autres éboulements peuvent se produire, car la terre est très meuble", a confirmé à l'AFP Mario Cruz, porte-parole des pompiers volontaires.
Les autorités ont improvisé une morgue à 500 m de là. Malgré la douleur, les familles ont trouvé la force d'emporter les corps, faisant fi de l'absence d'ordre judiciaire permettant de retirer les cadavres de la zone.
Plus loin, sur la même route interaméricaine, au km 83, un autre autocar a été emporté par un torrent de boue. Le dernier bilan fait état de dix morts.
Sept autres personnes ont péri, dont quatre retrouvées enterrées sous la boue dans leur maison à Quezaltenango (ouest).
Au-delà du Guatemala, l'ensemble de l'Amérique centrale est confrontée à une saison des pluies d'une rare violence.
Au cours des derniers mois, les intempéries ont fait 55 morts au Honduras, au moins 40 au Nicaragua, neuf au Salvador et trois au Costa Rica.
Le plus préoccupant pour les autorités locales est que la saison des pluies vient tout juste d'entrer dans sa phase la plus active, qui dure normalement jusqu'à la fin octobre.