
Jusqu’au 12 septembre, le meilleur du photojournalisme pose ses valises à Perpignan et réfléchit à sa manière de couvrir le séisme en Haïti ou la révolte à Bangkok, de montrer les SDF à New York ou l’islam au Bangladesh. France 24 est de la partie.
En janvier 2010, des centaines de photographes de presse affluent à Haïti, tout juste dévastée par un séisme. Ils sont à l’affût de l’image-choc qui fera la une des journaux et des sites d’informations. L’environnement professionnel est ultra-concurrentiel, les rédactions sont avares de crédits photos, il faut à tout prix vendre. Mais faut-il pour autant que Photoshop passe par là, et que le ciel soit bleu, les gravats blancs, le sang rouge… quitte à ce que la peau des Haïtiens soit plutôt grise que noire ?
C’est le type de question qu’ose se poser le festival international de Photojournalisme à Perpignan, Visa pour l’Image, qui se déroule du 28 août au 12 septembre. La petite ville méditerranéenne du sud de la France rassemble ce qui se fait de mieux et de plus exigeant dans le métier. Des photographes partis pour Haïti exposent ainsi leur travail, et les conditions dans lesquelles ils ont œuvré. On retrouve à Perpignan notamment Roberto Schmitt, Corentin Fohlen et Olivier Laban Matteï.
Autres grands événements médiatiques revisités par les objectifs les plus aguerris : la révolte des "chemises rouges" à Bangkok (par Athit Perawongmetha) et la vie des soldats américains mobilisés en Irak (par Craig F. Walker).
Visa pour l’Image s’intéresse particulièrement aux possibilités qu'offre le web pour le photojournalisme. Un prix du webdocumentaire RFI/France 24 est organisé pour la deuxième année consécutive. Le lauréat : "Prison Valley", de Philippe Brault et David Dufresne, en collaboration avec Upian et Arte. Mention spéciale à "Times of Crisis", produit par Reuters.
Le festival permet également d’appréhender des phénomènes de société tels que les conséquences de l’avortement sélectif en Inde au détriment des fillettes à naître (Walter Astrada), la polygamie aux États-Unis chez certains Mormons (Stephanie Sinclair), les SDF qui tentent de survivre à New York (Andrea Star Reese) ou encore le long pèlerinage de la Mecque (Kazuyoshi Nomachi). Sans oublier un reportage sur les rives du fleuve Congo (Cédric Gerbehaye), et la pratique de l’islam au Bangladesh (Munem Wasif).
Enfin, Perpignan accueille William Albert Allard et William Klein, deux phénomènes de la profession qui ont montré la voie à plusieurs générations de photographes. Klein expose des œuvres réalisées à New York, Rome, et Moscou dans les années 1950, et à Tokyo au début des années 1960. Quant à Allard, il dévoile le regard malicieux et décalé qu’il porte sur la société américaine depuis cinq décennies. Rien de tel qu’un peu de décalage avec l’actualité pour apprécier le travail de ces piliers du photojournalisme et trouver des clés pour pratiquer le métier aujourd’hui, avec ou sans Photoshop…