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Russie : le feu de la colère

Le pays a été touché de plein fouet par les incendies d'été, attisés par la canicule. Nos reporters Sylvain Rousseau et Chris Moore sont allés enquêtés dans les tourbières fumantes de la Russie pour découvrir les causes historiques et politiques de ces incendies.

En plein cœur des forêts russes, les pompiers luttent au quotidien contre le feu qui ne s’éteint pas. Des pompiers perdus au milieu des immenses forêts russes, en vêtements civils, équipés des lances qui fuient quand elles ne brûlent pas, et de camions survivants de l’époque soviétique. La plupart du temps, il leur faut d’abord creuser des routes pour accéder aux feux, et parfois (trop souvent) ils se retrouvent incapables de lutter.

Ces incendies en Russie ont des causes historiques. Il y a 140 ans, la Russie asséchait ses marécages pour sécher la tourbière. L’objectif : développer l’agriculture et utiliser la tourbière comme combustible. Avec la découverte du pétrole et du gaz, des champs entiers de combustible naturelle on été laissés à l’abandon. Une canicule plus tard, la tourbière brûle. En profondeur. L’incendie est dans le sol et peut continuer à couver des mois… même sous la neige. C’est ce qui explique qu’il soit si difficile à maîtriser.

Autre raison, politique cette fois. En 2007, Vladimir Poutine, alors président, réforme le code forestier. Il délocalise la gestion des forêts aux autorités locales. Elles n’ont pas les moyens de les entretenir, et les louent à des entreprises privées : des compagnies d’électricité, de gaz ou de papeterie. 70 000 gardes forestiers sont licenciés à cette occasion. Il n’y a dès lors plus aucun travail de prévention, ni d’entretien.

Un peu de baume au cœur cependant : la reconstruction des maisons dans les villages détruits a commencé. À Kriusha, par exemple, une commune détruite par les flammes le 29 juillet, les villageois ont pu voir leurs toits se reformer au dessus de leurs têtes, une semaine après le drame. C’est une promesse de Poutine. Chaque Russe aura un toit pour l’hiver. Une saison cruelle pour la population où les températures peuvent baisser jusqu’à -20°C. Un dernier détail : ce sont des entreprises privées qui vont reconstruire avec l’argent public de l’État.