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"Ban Ki-moon arrive un peu tard au Proche-Orient"

Les appels au cessez-le-feu de l'ONU sont restés lettre morte auprès du Hamas et d'Israël. L'ONU a-t-elle une réelle influence sur le conflit ? Philippe Moreau-Defarges, spécialiste des questions internationales, répond à nos questions.


FRANCE 24 - Le 15 janvier, le bâtiment de l’UNRWA, l’agence humanitaire de l’ONU pour les réfugiés à Gaza, a été bombardé par Tsahal. Selon le Premier ministre israélien Ehud Olmert, des tirs du Hamas étaient partis de ce complexe. Qu’en pensez-vous ?

Philippe MOREAU-DEFARGES - Il ne faut pas donner un sens politique au fait que l’UNRWA ait subi des dommages. Les médias ont donné une image très négative de l’armée israélienne. Je crois qu’il n’est pas question, pour Israël, d’empêcher l’action humanitaire de l’ONU, et cette aide ne doit pas nuire à sa sécurité.

Quant aux propos tenus par Ehud Olmert, je ne suis pas en mesure de dire s’ils sont exacts. Tout ce que dit Israël n’est pas forcément faux. Nous ne sommes pas sur le terrain, nous ne pouvons pas trancher sur cette question.

FRANCE 24 - Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est en tournée au Proche-Orient afin d’y réitérer ses appels au cessez-le-feu. Que peut-il apporter aux discussions diplomatiques en cours ?


Philippe MOREAU-DEFARGES - Ban Ki-moon ne peut rien apporter de plus, sinon montrer que l’ONU est présente au Proche-Orient. Et puis il arrive un peu tard : les négociations ont déjà beaucoup avancé autour du plan de paix égyptien.

Les Nations unies ne peuvent pas faire grand-chose : le mandat du Conseil de sécurité est très flou. Les pays membres restent très divisés sur ce conflit, et l’ONU ne peut agir que lorsque les Etats donnent leur feu vert. L’ONU aurait davantage de poids dans cette région si les membres du Conseil de sécurité parvenaient à un accord avant d’adopter une quelconque résolution. Mais pour le moment, aucun Etat n’est prêt à faire pression sur Israël.

FRANCE 24 - Le 8 janvier, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté la résolution 1860 qui condamne l’offensive israélienne et les tirs de roquettes du Hamas. Les Etats-Unis, qui en général opposent systématiquement un véto à tout texte impliquant Israël, se sont contentés, cette fois-ci, de s’abstenir. Pour quelles raisons ?


Philippe MOREAU-DEFARGES - Cette abstention signifie que Washington est très embarrassé. Les Etats-Unis se sont toujours placés en grand frère, en protecteur d’Israël. Il était hors de question d’adopter la résolution, mais ils ne pouvaient pas non plus feindre d’ignorer qu’Israël avait frappé très fort. Opposer un véto était également impossible : ils ne peuvent pas et ne veulent pas se mettre les Etats arabes et musulmans à dos. Il ne faut pas oublier qu’ils sont présents en Irak et en Afghanistan.

Mais cette abstention n’est en aucun cas le signe d’un assouplissement de la politique américaine sur la question israélienne. Elle est un signe de prudence. Et l’arrivée de Barack Obama ne changera rien, ils ne lâcheront pas Israël.

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