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Condamné à 30 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, l'ex-responsable de la prison S-21, où 15 000 personnes ont été torturées et exécutées sous le régime khmer rouge, a fait appel de la peine à laquelle il a été condamné.

AFP - "Douch", l'ex-chef de la prison de Phnom Penh sous le régime des Khmers rouges (1975-79), condamné à 30 ans de prison, a fait appel de sa condamnation, a annoncé mercredi son équipe de défense, quelques jours après une démarche similaire du parquet.

Un tribunal parrainé par les Nations unies avait condamné fin juillet pour la première fois un ex-haut responsable des Khmers rouges, en prononçant une peine de 30 ans de prison à l'encontre de Douch, chef d'une prison où ont été torturées quelque 15.000 personnes avant d'être exécutées.

Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, à l'encontre duquel 40 ans de prison avaient été requis, a été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Le tribunal avait cependant décidé de réduire sa peine de 35 à 30 ans en raison d'une période de détention jugée illégale car effectuée avant la formation de la juridiction.

Mais ses avocats considèrent que le tribunal, chargé de juger les cadres supérieurs du régime, n'avait pas autorité pour le faire comparaître, dénonçant "une justice de vainqueurs".

"Une personne de rang secondaire comme lui n'aurait pas dû être jugée", a indiqué Kang Ritheary, un de ses avocats, nommé après le limogeage le mois dernier de son conseil français, Me François Roux.

La défense demande dans ses conclusions que la cour "écarte dans sa totalité le jugement (...) et acquitte" Douch. "A la lumière de ses fonctions officielles à l'époque concernée, l'accusé n'entre pas dans la catégorie des personnes visées par l'autorité" de la cour.

Il y a dix jours, l'accusation avait elle-même fait appel du jugement.

Le parquet estime que la sentence "donne un poids insuffisant à la gravité des crimes de Douch et à son rôle et à sa participation de plein gré à ces crimes". Il juge également qu'une "importance indue est donnée aux circonstances atténuantes applicables à Douch".

Des familles de victimes avaient elles aussi regretté publiquement le verdict qui permet de facto au tortionnaire d'envisager de sortir dans 19 ans, et donc de vivre ses éventuelles dernières années en liberté. Le chef de la diplomatie cambodgienne, Hor Namhong, l'avait à titre personnel jugé inapproprié et trop clément.

Au cours des audiences achevées fin 2009, Douch avait exprimé remords et excuses avant de faire machine arrière au dernier jour. Arguant qu'il n'était qu'un simple serviteur du régime de Pol Pot, l'ex-professeur de mathématiques avait sollicité sa libération.

Agé aujourd'hui de 67 ans, Douch avait la haute main sur la prison de Tuol Sleng, aussi appelée S-21, un ancien collège transformé en centre névralgique des purges sanglantes menées par les Khmers rouges.

Plusieurs autres ex-dirigeants khmers rouges au profil plus politique attendent d'être jugés lors d'un second procès qui pourrait s'ouvrir en 2011, dont le "frère numéro 2" Nuon Chea. "Le frère numéro 1", Pol Pot, est décédé en 1998.