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Près de 2 000 personnes ont manifesté à Moscou pour défendre la forêt de Khimki

Au moins 2 000 personnes étaient rassemblées dimanche à Moscou pour une manifestation en faveur de la forêt de Khimki menacée d'abattage en raison d'un projet d'autoroute et pour dénoncer la politique "arbitraire" de Vladimir Poutine.

AFP - "Dieu, quelle conviction il y a chez les bourreaux retraités! Ne les laisse pas retrousser à nouveau leurs manches": des centaines de Moscovites chantent en coeur ce tube contre le pouvoir soviétique, mais cette fois-ci, ils visent le système du Premier ministre Vladimir Poutine.

Moscou n'avait pas vu ça depuis des années: 2.000 personnes se sont rassemblées dimanche pour une manifestation-concert pour défendre la forêt de Khimki (au nord de la capitale russe), menacée d'abattage en raison d'un projet d'autoroute, mais aussi pour dénoncer l'arbitraire de l'Etat.

Tout autour de la place Pouchkine, en plein coeur de Moscou, des centaines de policiers, certains équipés de casques et de gilets pare-balles, observent, médusés, la scène.

Car la mairie de la capitale a bien tenté de démotiver la foule en interdisant la partie musicale du rassemblement, bloquant l'accès à l'équipement sonore, afin de tenter de limiter le nombre de participants.

Mais il en fallait plus aux idoles de la musique engagée de l'époque soviétique et aux critiques du pouvoir mis en place par Vladimir Poutine, pour annuler la représentation.

Iouri Chevtchouk, chanteur culte du groupe DDT, debout sur un escabeau, guitare à la main, chante ainsi quelques-unes de ses chansons les plus connues qui sont immédiatement reprises en choeur par une foule brandissant des drapeaux et des pancartes aux slogans écologistes et politiques.

"On est là pour chanter pour qu'on n'arrache pas notre forêt, le poumon de Moscou, mais aussi pour dire au Kremlin, à Poutine, qu'on en a marre d'eux, de leur système, des mensonges servant à remplir les poches des fonctionnaires", proclame Viktor Kalinovski, un manifestant de 32 ans.

"Ils ont peur de nous, ils font tout ça pour qu'on ne nous entende pas", lance Evguénia Tchirikova, chef du mouvement de défense de la forêt de Khimki, qui se heurte depuis plus de deux ans aux autorités et qui a été la cible de plusieurs attaques très violentes.

"Une armée de fonctionnaires est contre nous", a-t-elle aussi crié devant cette foule très diverse et composée de jeunes comme de retraités.

Les quelque 2.000 manifestants scandent alors "Du son, du son!" et "Pas touche à notre forêt!". Enthousiastes, des centaines de voix ont ensuite hurlé "la Russie sans Poutine". Généralement, les manifestations d'opposition ne réunissent qu'une poignée de militants qui sont rapidement interpellés.

Bien que la musique sans sono n'atteigne que les oreilles des premières rangées de spectateurs, pendant plus de deux heures les gens sont restés sur la place Pouchkine, entourée pour l'occasion de barrières et de policiers qui obligeaient tous les manifestants à passer à travers des détecteurs de métaux.

"Il faut recommencer pour que de plus en plus de gens viennent, que ceux qui sont assis dans les hautes sphères voient qu'on est vraiment nombreux à ne pas être d'accord avec leurs décisions", souligne Alexandra, une militante d'opposition âgée de 24 ans.