Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, s'est félicité de la libération des deux membres d'une ONG catalane enlevés en Mauritanie fin 2009 par Al-Qaïda au Maghreb islamique. Les deux hommes sont attendus dans la nuit à Barcelone.
AFP - Les deux Espagnols retenus depuis près de neuf mois au Mali par Aqmi, la branche maghrébine d'Al-Qaïda, ont été libérés et étaient attendus dans la nuit de lundi à mardi à Barcelone (nord-est), a annoncé le gouvernement espagnol.
"Aujourd'hui est un jour de fête", s'est félicité le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, dans une brève déclaration pour annoncer cette libération. Il n'a pas fait mention d'une rançon dont plusieurs journaux ont affirmé le versement.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a affirmé, lundi, qu'elle avait libéré les deux otages espagnols parce que certaines de ses revendications avaient été satisfaites, rapporte le quotidien espagnol "El Pais" en citant un message enregistré du groupe.
Par ailleurs, l'organisation estime que la libération des deux Espagnols est une "leçon pour les services secrets français", après l'échec d'un raid franco-mauritanien pour libérer l'otage français Michel Germaneau.
C'est "une très bonne nouvelle" qui "met fin à une action terroriste qui n'aurait jamais dû se produire", a poursuivi M. Zapatero avant de "remercier les différents gouvernements, surtout ceux de la zone où s'est produite cette prise d'otage".
Le dirigeant socialiste a précisé que les deux ex-otages, Roque Pascual et Albert Vilalta, étaient attendus dans la nuit de lundi à mardi à Barcelone (nord-est) dans un avion spécial en compagnie de la secrétaire d'Etat à la Coopération, Soraya Rodriguez.
Les épouses des deux hommes, ainsi qu'un médecin, un psychologue et plusieurs fonctionnaires se trouvaient à bord de l'avion qui devait rapatrier les ex-otages, selon plusieurs sources du gouvernement espagnol.
Entretemps, les deux coopérants libérés sont arrivés à Ouagadougou à 17H51 (heure locale et GMT) à bord d'un hélicoptère de l'armée burkinabè, qui a atterri à 100 mètres de la présidence du Burkina Faso, a constaté un journaliste de l'AFP.
Roque Pascual et Albert Vilalta, visiblement épuisés et l'un d'eux se déplaçant avec une béquille, ont été accueillis sur place par Mme Rodriguez.
Les deux volontaires de l'ONG catalane Accio Solidaria ont été enlevés le 29 novembre en Mauritanie alors qu'ils participaient à un convoi humanitaire.
Leur libération intervient quelques jours après l'extradition par Nouakchott vers le Mali du Malien Omar Sid'Ahmed Ould Hamma, dit "Omar le Sahraoui", condamné pour avoir enlevé les deux Espagnols.
Le retour au Mali d'"Omar le Sahraoui" et à terme sa libération était une des exigences d'Aqmi pour la libération des deux otages.
Les quotidiens espagnols El Mundo et ABC ont affirmé que le processus de libération des deux Catalans ne s'est enclenché qu'après cette extradition.
Ces deux journaux indiquent en outre qu'une rançon, évaluée à 3,8 millions d'euros par El Mundo et de 5 à 10 millions d'euros par ABC, a été versée par Madrid.
Mais M. Zapatero n'a fait mention d'aucune rançon ni évoqué l'extradition de "Omar le Sahraoui", dans sa courte intervention.
L'exécutif avait nié farouchement en mars le versement d'une rançon lors de la libération d'Alicia Gamez, autre volontaire d'Accio Solidaria, capturée en même temps que ses deux collègues.
Aqmi avait revendiqué le 25 juillet l'exécution d'un otage français, Michel Germaneau, 78 ans, après l'échec d'un raid militaire franco-mauritanien au Mali pour tenter de le retrouver et au cours duquel sept djihadistes avaient été tués.
Cette attaque avait provoqué l'inquiétude de Madrid sur le sort des deux otages espagnols qui étaient aux mains d'un groupe d'Aqmi dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Belawar.
Accio Solidaria avait indiqué le 16 août que les familles avaient reçu des "preuves de vie", que les otages se portaient bien et que les négociations se poursuivaient pour leur libération.
Le directeur de l'ONG Francesc Osan a fait part lundi de son soulagement et de sa joie. "Nous sommes très contents (...) après neuf longs mois de tension et d'abattement", a-t-il déclaré tandis que le maire socialiste de Barcelone Jordi Hereu a félicité l'exécutif espagnol pour cette "fin heureuse".