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Eva Joly fait consensus au sein d'Europe Écologie

Alors que se profilent les Journées d'été de Nantes, Europe Écologie semble s'être globalement rallié à la candidature de l'ancienne juge Eva Joly pour la présidentielle de 2012.

REUTERS - La candidature présidentielle de l'ancienne juge Eva Joly a franchi la plupart des obstacles au sein d'Europe Ecologie, dont les dirigeants ont mis leurs dissensions en sourdine avant leurs Journées d'été de Nantes.

Avant de se lancer dans la course à l'Elysée, le mouvement doit encore se structurer et rédiger un projet pour 2012, ce qui ne manquera pas de provoquer des soubresauts, mais "tout semble aller dans le sens du compromis", assure Jean-Vincent Placé.

"L'ensemble des crises estivales, de la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique au délire sécuritaire de (Nicolas) Sarkozy, a provoqué une prise de conscience: il faut se rassembler", ajoute le numéro deux des Verts interrogé sur ce climat soudainement apaisé au sein d'un mouvement hétéroclite créé il y a moins de deux ans pour les élections européennes.

Après les succès électoraux des européennes et des régionales, Cécile Duflot apparaissait comme la candidate naturelle du mouvement pour la présidentielle.

Mais la jeune dirigeante des Verts assure depuis 2009 que le poste ne l'intéresse pas et enfonce le clou dans une interview au Nouvel Observateur cette semaine.

"Je pense que je n'ai pas les épaules suffisantes pour porter seule une telle charge", dit-elle, préférant s'occuper à "construire du solide" à Europe Ecologie.

Ce pas de côté ouvre encore plus largement la voie à Eva Joly. L'ancienne juge d'instruction de l'affaire Elf devenue député européenne dit désormais officiellement que 2012 l'intéresse tout en prévenant qu'elle ne se présentera que si elle est "portée par le mouvement dans sa totalité".

Etoffer le projet pour 2012

Pas question de vivre un remake de la candidature de Ségolène Royal, choisie par une forte majorité de militants socialistes pour affronter Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2007 mais lâchée par une partie de l'appareil.

"Ce sera une campagne d'une personne avec un groupe", a promis Daniel Cohn-Bendit sur Europe 1, rejetant l'idée d'un "ticket Joly-Duflot" pour 2012.

Relayée depuis l'hiver par un petit cercle de fidèles, l'hypothèse de sa candidature s'est progressivement étoffée.

Au fil de ses interventions pendant l'été, Eva Joly, 66 ans, qui possède la double nationalité française et norvégienne, a levé les ambiguïtés que lui reprochaient certains dirigeants historiques du parti écologiste.

Celle qui fut un temps courtisée par le centriste François Bayrou s'est déclarée clairement de gauche, défendant par exemple le droit à la retraite à 60 ans.

Aujourd'hui, "même les plus sceptiques ne disent plus non", se réjouit Yannick Jadot, l'un des premiers à avoir parlé d'avenir élyséen pour Eva Joly.

"Sa candidature est à peu près actée", confirme Jean-Vincent Placé, qui ne faisait pourtant pas mystère jusqu'à très récemment de sa préférence pour Cécile Duflot.

Reste le calendrier: Eva Joly pourrait être adoubée lors d'un vote des militants à l'automne 2011 mais ses proches plaident pour un lancement de candidature dès le début 2011. Dans l'immédiat, le "gros chantier, c'est la structuration, comment on devient un outil politique efficace", souligne Jean-Marc Brûlé, directeur de campagne d'Europe Ecologie lors des régionales.

Tous les dirigeants du mouvement refusent de voir les écologistes cantonnés aux questions de nucléaire ou d'agriculture bio au sein d'une gauche politiquement pilotée par le Parti socialiste.

Pour lancer cette étape de crédibilisation, tremplin vers 2012, plusieurs ateliers des Journées d'été de Nantes sont consacrés aux retraites, aux institutions, à la dépendance ou aux enjeux économiques. Europe écologie devrait se doter sous peu d'un secrétariat national aux questions budgétaires et sur les problèmes de sécurité.