
Soucieux de participer au processus de stabilisation de l'Afghanistan, le président russe, Dmitri Medvedev, a reçu dans sa résidence de Sotchi, sur la mer Noire, ses homologues pakistanais, afghan et tadjik pour un sommet quadripartite.
AFP - Le président Dmitri Medvedev a promis mercredi le soutien de la Russie à l'Afghanistan, au cours d'un sommet grâce auquel Moscou a voulu marquer un regain d'influence dans la région en réunissant malgré leur différend l'Afghan Hamid Karzaï et le Pakistanais Asif Ali Zardari.
"Nous soutenons la lutte du gouvernement afghan contre le terrorisme et nous sommes prêts à aider", a déclaré M. Medvedev, accueillant ses hôtes, parmi lesquels se trouvait également le président tadjik, Emomali Rakhmon, dans la résidence présidentielle russe de Sotchi, sur les rives de la mer Noire.
"L'Afghanistan a besoin du soutien d'amis et de grands pays comme la Russie", a répondu M. Karzaï, faisant allusion à la coopération en matière de lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue.
Le président pakistanais, dont la présence à Sotchi survenait après un vif échange diplomatique en juillet avec son homologue afghan, a lui aussi affiché son soutien à Kaboul dans la lutte contre les talibans. "Nous pouvons le faire tous ensemble. Nous devons soutenir le peuple afghan", a-t-il déclaré.
M. Karzaï a accusé en juillet son voisin d'abriter des "sanctuaires terroristes", des propos qu'Islamabad avait jugés "incompréhensibles". Le président afghan a même eu un entretien avec son homologue pakistanais à Sotchi, mais rien n'a filtré sur sa teneur.
Le sommet de Sotchi visait à "renforcer la coopération régionale pour oeuvrer à la stabilisation de l'Afghanistan", avait souligné le Kremlin avant la rencontre.
La présidence russe avait annoncé souhaiter que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l'Organisation du traité de la sécurité collective (ODKB), dans lesquelles Moscou joue un rôle clé, soient impliquées dans la région aux côtés de la coalition internationale engagée sur le terrain afghan.
Les autorités russes s'inquiètent notamment du risque de propagation des violences aux républiques ex-soviétiques d'Asie centrale et de la croissance du trafic de stupéfiants dans la région.
"Moins il y aura de problèmes dans la région, moins nous en aurons nous-mêmes", a résumé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Moscou, toujours hanté par son humiliant retrait d'Afghanistan en 1989 après dix ans de guerre, exclut cependant tout envoi de troupes pour appuyer la coalition dirigée par les Etats-Unis.
La Russie veut en revanche participer à un appel d'offres américain pour fournir aux forces afghanes des dizaines d'hélicoptères.
Sergueï Lavrov a confirmé que le sujet avait été évoqué dans un entretien de M. Medvedev avec M. Zardari. "Nous attendons maintenant une réponse", a-t-il déclaré.
Dans une déclaration commune, la Russie, le Pakistan et le Tadjikistan se sont engagés à soutenir des projets de reconstruction d'infrastructures en Afghanistan.
La priorité devrait être donnée aux travaux du tunnel routier de Salang, reliant le Nord et le Sud de l'Afghanistan, ainsi qu'à des projets pétroliers et gaziers dans le nord du pays, selon un communiqué commun.
Les quatre chefs d'Etat sont convenus que "l'économie était cruciale pour surmonter tous les problèmes" dans la région, a déclaré M. Lavrov à la presse.
Selon lui, la Russie serait notamment "intéressée" par le projet énergétique CASA-1000, qui prévoit l'acheminement de l'électricité du Tadjikistan au Pakistan via l'Afghanistan, et va étudier les questions liées à son éventuelle participation dans ce projet.
Concernant les inondations dévastatrices qui frappent le Pakistan depuis trois semaines, et qui ont fait environ 20 millions de sinistrés, le président russe a assuré que la Russie "était à la disposition" d'Islamabad pour apporter "toute aide nécessaire".
M. Zardari a estimé que son pays "sortirait renforcé en tant que nation" de cette catastrophe naturelle.