
Face au ralentissement de la croissance, la Réserve fédérale américaine (Fed) va racheter des titres d'État pour soutenir l'économie des États-Unis. Par ailleurs, elle maintient son taux d'intérêt directeur à des niveaux proches de zéro.
REUTERS - La Réserve fédérale américaine a annoncé mardi une nouvelle initiative, de portée limitée mais symboliquement marquante, destinée à contrer le ralentissement de la reprise économique, en annonçant qu'elle réinvestirait en bons du Trésor le produit du remboursement de certains des titres obligataires qu'elle détient.
La décision de consacrer à de nouveaux achats de Treasuries les liquidités dégagées par l'arrivée à échéance d'obligations hypothécaires constitue un changement notable de la politique monétaire américaine.
Il y a quelques mois encore, la Fed débattait en effet davantage des moyens de resserrer progressivement sa politique en mettant fin aux dispositifs exceptionnels mis en oeuvre pendant la crise.
Les obligations concernées par sa décision, acquises depuis la crise financière de 2008, représentent aujourd'hui près de 1.300 milliards de dollars (990 milliards d'euros) dans son bilan.
Comme attendu, la banque centrale a laissé inchangés ses principaux taux d'intérêt, déjà proches de zéro en données réelles, et elle a réaffirmé son engagement à laisser ces taux exceptionnellement bas pendant une période prolongée.
Son communiqué montre aussi que ses dirigeants ont revu à la baisse leur diagnostic sur la situation économique aux Etats-Unis.
"Le rythme de la reprise de la production et de l'emploi s'est ralenti ces derniers mois", explique-t-il, alors qu'à l'issue de sa précédente réunion, fin juin, la Fed évoquait une reprise "en cours" et une amélioration progressive du marché du travail.
Les conclusions du Federal Open Market Committee (FOMC) de ce mardi ont surpris une partie des investisseurs. Nombre d'entre eux s'attendaient à ce que la Fed se contente d'évoquer la possibilité de nouvelles mesures et à ce qu'elle attende septembre pour les mettre en oeuvre, d'autres penchant pour de nouveaux achats de titres mais concernant le marché du crédit immobilier plutôt que les Treasuries.
Pour certains analystes, le chemin pris mardi pourrait conduire la Fed à assouplir plus nettement sa politique au cours des prochains si le ralentissement économique se confirme.
"Si les perspectives devaient continuer à se dégrader, la Fed initierait probablement un nouveau cycle d'achats d'actifs", estime ainsi Michael Gapen, économiste de Barclays Capital.
Impact symbolique
Wall Street a réduit ses pertes après le communiqué de la banque centrale mais a terminé dans le rouge. Parallèlement, les Treasuries ont nettement progressé, le rendement de référence à 10 ans revenant à 2,77%, non loin de son plus bas niveau en 15 mois.
Le dollar, lui, s'est orienté à la baisse face au yen et à l'euro.
La Réserve fédérale a précisé qu'elle entendait stabiliser ses avoirs en obligations américaines à leur niveau actuel, soit environ 2.054 milliards de dollars, et que ses achats de Treasuries concerneraient principalement des titres dont les maturités seront situées entre deux et 10 ans.
Les investisseurs s'efforçaient mardi de déterminer le montant des nouveaux achats susceptibles d'être réalisés chaque année, leurs estimations s'échelonnant entre 100 et 150 milliards de dollars.
S'il n'est pas négligeable, un tel montant n'est pas pour autant considéré comme suffisant pour avoir un impact notable sur l'économie.
"L'impact réel de ce qui sera réalisé sera moins puissant que l'impact symbolique", conclut Burt White, responsable des investissements de LPL Financial à Boston.
"Ce que (la Fed) dit aux marchés, c'est: 'nous ferons tout ce que nous pourrons pour faire en sorte de prévenir un risque de rechute en récession'".
La préférence donnée aux achats de Treasuries aux dépens des obligations liées au crédit immobilier pourrait être le fruit d'un compromis au sein du FOMC, dont les membres les plus orthodoxes s'opposent à des initiatives favorisant un secteur particulier de l'économie.
Les statistiques économiques publiées ces dernières semaines aux Etats-Unis ont montré une croissance ralentie par rapport aux premiers mois et souligné la persistance d'un chômage élevé, à 9,5% de la population active en juillet, qui pèse sur la consommation, moteur traditionnel de l'économie américaine.
Une étude publiée lundi par la Fed de San Francisco a ainsi évoqué une probabilité "significative" d'une rechute en récession de l'économie américaine au cours des deux ans à venir.
Le communiqué de la Fed a été adopté mardi par huit voix contre une, le président de Fed de Kansas City, Thomas Hoenig, exprimant pour la cinquième réunion consécutive son désaccord sur l'engagement de maintenir des taux bas.
Il porte en outre sur la situation économique un jugement plus optimiste que celui de ses collègues, estimant qu'elle "se reprend modestement" et que la banque centrale n'a donc pas besoin de laisser son bilan à son niveau actuel.