
Mercredi, les syndicats de producteurs de lait ont donné aux industriels jusqu'au 12 août pour reprendre les négociations et payer la tonne de lait au juste prix. En attendant, ils appellent au boycott des laitages.
AFP - Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, et les producteurs de lait ont accentué mercredi la pression sur les industriels du secteur pour obtenir une hausse des tarifs du lait après l'échec des négociations.
"Je souhaite que les industriels et les coopératives fassent les efforts nécessaires pour que les producteurs soient rémunérés à leur juste valeur", a insisté M. Le Maire sur RTL.
"Lorsque les prix s'effondrent, la répercussion est immédiate sur les revenus des producteurs qui ont perdu près de 50% de leurs revenus en 2009 (...). Maintenant que les prix remontent, je souhaite que les producteurs soient correctement rémunérés", a-t-il dit.
Pour leur part, les trois syndicats majoritaires des agriculteurs, réunis mercredi, ont donné jusqu'au 12 août aux industriels et aux coopératives pour reprendre les négociations
"Il n'est pas trop tard" pour relancer les discussions, a déclaré Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, principal syndicat agricole français, à l'issue de cette réunion.
En attendant, ils appellent à "généraliser la campagne de stickage", consistant à apposer des autocollants sur des laitages, produits par des industriels qui n'appliquent pas l'augmentation des prix du lait, pour inciter les consommateurs à les boycotter.
Lancée depuis plusieurs jours dans quelques départements, cette campagne de boycott a été menée mercredi dans les grandes surfaces de Rodez par les producteurs de lait de l'Aveyron.
Après le 12 août, des représentants syndicaux se rendront aux sièges sociaux pour "demander des comptes aux industriels qui ne jouent pas le jeu", a prévenu M. Barrau. Il n'a pas précisé quel type d'action serait alors envisagé: "nous aviserons à ce moment-là", a-t-il dit.
Dans le collimateur des producteurs: Bel, fabricant de La vache qui rit, Bongrain (Caprice des Dieux) et Lactalis (Camembert Président) notamment.
"Ces gens se servent des marques pour faire pression sur nous, ce qui est doublement stupide, d'abord parce que c'est illégal et parce que les marques, c'est ce qui valorise le mieux le lait", a réagi Lactalis, premier groupe laitier européen.
La fédération des industries laitières (FNIL) a quant à elle "appelé l’ensemble des acteurs à trouver les voies nouvelles permettant de rétablir un dialogue constructif dans l’intérêt de tous".
Les transformateurs refusent d'octroyer une hausse moyenne de 3,1 centimes par litre de lait comme le souhaitent les syndicats majoritaires qui demandent l'application de l'accord signé le 3 juin 2009. Cette hausse aboutirait à un prix moyen de 33,1 centimes le litre de lait facturé au producteur.
Mais les entreprises ont décidé de prix bien inférieurs, certaines d'entre elles offrant une augmentation d'environ 1,3 centime par litre seulement.
Elles arguent de la nécessité d'un rapprochement entre les prix français et allemands, ces derniers étant inférieurs.
Ce différentiel, selon elles, a entraîné en 2009 une augmentation des importations allemandes, fragilisant la filière en France.
Les producteurs font valoir, eux, que les prix sur les marchés ont augmenté. M. Le Maire a abondé dans leur sens, rappelant que l'Etat avait dépensé 300 millions d'euros, via la Commission européenne, pour faire remonter les prix.
"Que l'on sorte de ce système où tous les trois mois il y a une crise sur le prix du lait! Ce n'est pas acceptable", a lancé le ministre, alors que les producteurs ne savent toujours pas aujourd'hui combien ils seront payés pour le lait livré en juillet. Ils doivent recevoir entre le 6 et le 20 août leur paye pour les livraisons du mois précédent.