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Cameron et Clegg dans la tourmente après une série de gaffes

À la tête du gouvernement britannique, Nick Clegg et David Cameron enchaînent les gaffes. Le premier a dénoncé "l'invasion illégale" de l'Irak, tandis que le second a minimisé le rôle des troupes britanniques engagées dans la Seconde guerre mondiale.

Les relations entre le Premier ministre britannique, le conservateur David Cameron, et son vice-Premier ministre, le libéral-démocrate Nick Clegg, sont au beau fixe. C’est en tout cas le message que s’évertuent à faire passer leurs proches respectifs.

Tant et si bien, qu'ils semblent même se coordonner pour commettre leurs gaffes simultanément. Même quand ils sont à des milliers de kilomètres l’un de l’autre et qu’ils s’expriment sur des sujets différents.

La visite officielle aux États-Unis de David Cameron, sa première en tant que Premier ministre britannique, a été minée par l’affaire BP et ses nouveaux rebondissements concernant l'attentat de Lockerbie. Des dossiers épineux qui ont courroucé ses alliés américains. D’où la volonté de Cameron d’apaiser et de flatter ses hôtes. Un peu trop peut-être.

Mercredi, il a rappelé que la Grande-Bretagne demeurait "un partenaire efficace" des États-Unis. Mais Cameron ne s’est pas arrêté là. Il a poursuivi en affirmant que "nous [les Britanniques] avons été un partenaire "junior" en 1940, lorsque nous combattions les nazis, nous le sommes toujours aujourd’hui". Un propos qui minimise le rôle des Britanniques et qui néglige le fait que les États-Unis n’ont engagé leurs troupes dans la Seconde guerre mondiale qu’en décembre de l'année suivante. Une bourde impardonnable pour la Grande-Bretagne, un pays qui s'enorgueillit d'avoir fait face seule, à l'Allemagne nazie et ses alliés, le Japon et l'Italie, pendant plus d'un an.

Le Parti travailliste, aujourd’hui dans l’opposition, a violement réagi à la suite de cette déclaration embarrassante. "L’année 1940 a été notre plus belle heure. Des millions de Britanniques se sont mobilisés et ont donné leur vie pour vaincre le fascisme", a déclaré le travailliste David Milliband, qui a qualifié les mots de Cameron d’"affront".

Interrogé sur les propos du Premier ministre, un porte-parole du 10 Downing Street a déclaré à la BBC que Cameron n'avait pas cherché à minimiser les efforts des troupes britanniques.

Controverse sur la guerre en Irak

Alors qu’il est sur le point de boucler son voyage outre-Atlantique, Cameron a, en plus de sa gaffe, une autre raison de s’inquiéter. Son allié Nick Clegg a commis, à son tour, une bourde. Au cours d’un échange animé au Parlement, mercredi, avec le travailliste Jack Straw, ancien ministre des Affaires étrangères de Tony Blair lorsque la guerre en Irak a commencé, Clegg a lancé à ce dernier : "peut-être qu'un jour vous rendrez des comptes pour votre rôle dans la plus désastreuse de toutes les décisions, c'est-à-dire l'invasion illégale de l'Irak".

Cette déclaration, émanant certes d'un opposant notoire à la guerre, est en elle-même polémique maintenant que Clegg est au gouvernement. Mais le fait que le leader des libéraux s'exprimait pour la première fois en lieu et place de David Cameron à l'occasion des questions au Premier ministre devant la chambre des Communes, lui a donné un écho retentissant. Contrairement à son allié, David Cameron a appuyé la guerre en Irak, à l’instar de la plupart des membres du parti conservateur.

Ce couac est à prendre au sérieux. Selon un spécialiste du droit britannique, cité par le Guardian jeudi, "une déclaration publique d'un membre du gouvernement au Parlement au sujet de la légalité d'une situation est susceptible d'intéresser une cour internationale qui peut alors être en mesure d'examiner si la guerre est légale ou non".  Le vice-Premier ministre a clarifié ses propos mercredi soir, insistant sur le fait qu'il s’était exprimé en tant que leader des libéraux-démocrates, tandis qu'un porte-parole de Downing Street a expliqué que M. Clegg exprimait en la circonstance "un point de vue personnel".

"Le gouvernement de coalition n'a pas exprimé son point de vue sur la légalité -ou non- du conflit irakien (…). Cela ne signifie pas pour autant que des membres du gouvernement ne sont pas habilités à exprimer leur point de vue personnel", a-t-il indiqué. Par ailleurs, Downing Street a également déclaré qu'il était impatient de recevoir les conclusions de la commission Chilcot, du nom de son président John Chilcot, qui enquête sur la légalité de la guerre en Irak et qui a débuté ses audiences publiques le 24 novembre 2009.

En attendant, les membres du Parlement devront deviner si Nick Clegg s'adressera à eux en tant que leader des libéraux-démocrates ou en tant que vice-Premier ministre la prochaine fois qu'il remplacera David Cameron.