Barack Obama a paraphé la réforme de la régulation financière adoptée le 15 juillet par le Sénat. Voté à force de compromis, ce texte constitue toutefois la plus vaste réforme jamais entreprise dans ce secteur depuis les années 1930.
AFP - Le président américain Barack Obama a promulgué mercredi la plus vaste réforme de la régulation du système financier depuis les années 1930, destinée à éviter une nouvelle crise financière telle que celle de 2007-2009.
"Les Américains n'auront plus jamais à payer pour les erreurs de Wall Street", a lancé le président dans un discours peu avant la signature du texte de la réforme, au centre de conférence Ronald Reagan à Washington.
"Ces réformes représentent les plus fortes protections du consommateur de l'histoire", a également jugé M. Obama.
"Ces protections seront appliquées par un nouveau régulateur ayant une seule mission: faire attention aux gens, non aux grandes banques, aux organismes de prêt, aux investisseurs", a-t-il poursuivi. "Ce n'est pas seulement bon pour les consommateurs, c'est bon pour l'économie", selon lui.
M. Obama a ajouté que la réforme va "freiner les abus et excès qui ont failli anéantir notre système financier". "Elle va introduire de la transparence dans les transactions complexes qui ont contribué à déclencher la crise financière", a-t-il dit.
Mais ce projet de loi hors normes, plus de 2.300 pages, mettra du temps à entrer en application. Les régulateurs chargés de superviser le système financier américain doivent encore écrire de nombreuses réglementations, souvent complexes, pour permettre aux nouvelles mesures d'entrer en vigueur.
Le texte adopté au Congrès la semaine dernière, avec un ultime vote au Sénat qui a clos des mois de discussions prévoit notamment, comme l'a souligné M. Obama, la création d'un organisme de protection des consommateurs de produits financiers au sein de la banque centrale (Fed). Il vise à empêcher le sauvetage de grandes institutions financières aux frais des contribuables.
"Adopter ce texte n'a pas été une tâche facile", a dit le président mercredi en saluant ses amis démocrates du Congrès qui ont travaillé dessus pendant plusieurs mois. Au Sénat, seuls trois républicains ont approuvé le texte.
Les opposants à la réforme - certains représentants de l'industrie financière et les adversaires républicains de M. Obama - estiment notamment que la nouvelle loi va faire payer l'ensemble du secteur pour les péchés de quelques uns.
Le PDG de Wells Fargo, John Stumpf, a estimé mercredi qu'il "est trop tôt pour estimer précisément" le coût financier de la réforme. "Nous continuons à craindre que certains aspects aient des effets secondaires imprévus sur le système financier, les consommateurs et les entreprises", a-t-il toutefois dit.
L'Association des banquiers américains (ABA) s'est estimée "déçue" par la réforme mercredi dans un communiqué, qui contient selon elle "un tsunami de nouvelles règles et restrictions pour les banques traditionnelles qui n'ont rien à voir avec les causes de la crise financière".
Vendredi, le directeur financier de la Bank of America, Charles Noski, avait estimé que l'impact de la nouvelle loi serait "gérable", tout en prévenant que la loi conduirait à d'importants amortissements d'écarts d'acquisition, chiffrés entre 7 et 10 milliards de dollars.