Quelque 73 000 blogs accusés de relayer les thèses d'Al-Qaïda ont disparu du jour au lendemain de la Toile. Pour sa défense, leur hébergeur américain BurNest clame avoir agi sur ordre des services de renseignement intérieur américain.
Inspire, le magazine en ligne anglophone d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique, a fait ses premières victimes virtuelles. Le 9 juillet, quelque 73 000 blogueurs américains œuvrant sur Blogetery ont vu tous leurs écrits disparaître de la Toile. Sans en connaître la raison.
Ce n’est que 10 jours plus tard que le service d’hébergement américain BurstNet a expliqué les raisons de cette soudaine suppression. La société raconte avoir agi à la demande du FBI qui avait trouvé sur certains blogs des "listes de personnes à tuer" et des "recettes pour fabriquer des bombes dans la cuisine de sa mère". Deux articles contenus dans le premier numéro d’Inspire...
Spéculations
Mais pendant près de deux semaines, la communauté de Blogetery ne savait pas à quoi s’en tenir. Sur un forum, BurstNet avait juste indiqué que l’injonction "provenait du FBI et qu’il s’agissait d’une affaire particulièrement sensible". Le gérant de Blogetery confirmait de son côté ne pas être davantage au courant des tenants et aboutissements de cette mise au ban de l’Internet.
Une incertitude qui avait nourri toutes les spéculations : de la simple violation à des droits d’auteurs à l’existence d’images pédopornographiques… Mais au-delà des rumeurs, des dizaines de milliers de blogueurs estimaient qu’on les privait d’une liberté d’expression alors qu’ils ne faisaient rien d’illégal. L’ONG américaine Fondation électronique sans frontière (EFF) est elle aussi monté au créneau, déplorant "que des centaines de blogs disparaissent ainsi sans bonne raison".
Pour BurstNet, des liens supposés avec les réseaux terroristes d'Al-Qaïda constituent une raison suffisante pour fermer Blogetery. Ne souhaitant pas parcourir tous les blogs, les administrateurs du service d’hébergement ont tout bonnement décidé de tout arrêter.
Pourquoi tant de zèle ?
Reste que le FBI ne leur a jamais demandé de recourir à une solution aussi définitive. Aux États-Unis, seul un juge peut ordonner à un hébergeur de fermer un site. En l’espèce, les services de renseignement ont eu recours à une procédure accélérée, dite de "révélation volontaire de communications et d'informations". Elle donne le choix à un hébergeur de fournir aux autorités des informations sur ses utilisateurs. Il n’y est pas contraint et en cas de refus, le FBI doit revenir à la case du juge.
Alors pourquoi ce zèle de la part de BurstNet ? Parce qu’en bas de la demande du FBI, une phrase type indique que l’hébergeur peut de son plein gré fermer le ou les sites mis en cause. BurstNet a reconnu au site spécialisé CNet qu’il pensait être obligé d’agir contre Blogetery...