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Une conférence des pays donateurs réunissant une soixantaine de délégations s'est ouverte, ce mardi matin, à Kaboul. Hillary Clinton a assuré que le processus de transition "ne pouvait être repoussé indéfiniment".

Le président afghan Hamid Karzaï a ouvert ce mardi matin, à Kaboul, une conférence internationale réunissant les représentants de plus de 70 pays donateurs et d'organisations internationales. Neuf ans après l’invasion américaine de l'Afghanistan et la chute du régime taliban, cette réunion doit permettre de relancer le processus d'émancipation du gouvernement.

"Nous avons un ennemi commun et vicieux qui viole chaque loi islamique et internationale pour briser nos efforts communs, a déclaré Hamid Karzaï, en évoquant les Taliban. Ils ne veulent rien d'autre que créer de l'incertitude pour pousser les citoyens à douter de notre pouvoir et de notre détermination. Aujourd'hui, je vous invite à regarder plus loin et à atteindre notre but : un Afghanistan pacifique et prospère."

Cette conférence internationale - la plus grande jamais organisée dans la capitale afghane - est placée sous haute sécurité. Des soldats afghans et de l'Otan ont été mobilisés pour l’occasion. "Pour beaucoup, la tenue de cette réunion à Kaboul est inespérée, explique Mathieu Mabin, notre correspondant à Kaboul. Le premier défi est qu'elle ne soit pas interrompue par une attaque des insurgés et que tous les ministres rentrent chez eux en vie." Plusieurs roquettes ont été tirées dans la nuit à quelques kilomètres du ministère afghan des Affaires étrangères, où se tient la conférence, sans faire de victimes.

"Une transition graduelle"

Le transfert du contrôle de la situation sécuritaire à l'armée et à la police afghanes figure en tête de l'ordre du jour de la conférence. Alors que les forces américaines et de l'Otan, déployées dans le pays depuis fin 2001, connaissent des pertes sans précédent, Hamid Karzaï doit se préparer à reprendre les rênes.

Ce matin, il s'est dit "déterminé" à ce que les forces nationales afghanes soient "responsables de toutes les opérations militaires et de sécurité dans le pays d'ici à 2014".

Selon le communiqué final du sommet, dont Reuters s'est procuré une copie, les troupes afghanes devraient également assumer entièrement la sécurité de certaines provinces d'ici à la fin de l'année.

"Le processus de transition est trop important pour être repoussé indéfiniment", a affirmé ce matin la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. Elle a néanmoins promis que les États-Unis resteraient "impliqués" après juillet 2011, date à laquelle les troupes américaines commenceront à quitter le pays. David Cameron souhaite, lui, le retour de tous les soldats britanniques au Royaume-Uni d'ici à l'été 2015.

Les bonnes résolutions d'Hamid Karzaï

Les projets du gouvernement afghan tournent autour de quatre axes:

  • Garantie de clareté dans l'utilisation des fonds
  • Lutte active contre la corruption
  • Augmentation des effectifs de l'armée et de la police
  • Mise en place d'un programme pour inciter les Taliban à déposer les armes

Hillary Clinton a ajouté qu'il restait "beaucoup de travail" au président afghan pour endiguer la corruption et assurer la stabilité du pays, en dépit des progrès réalisés.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a indiqué de son côté que la transition "se fera graduellement, sur la base d'un examen sobre de la situation politique et sécuritaire". Les forces internationales resteront dans le pays pour assurer un rôle de soutien, a-t-il ajouté.

Négocier avec les Taliban

Cette conférence pourrait aussi marquer un changement de cap de la stratégie américaine dans le pays. Lors d'une rencontre, lundi soir, avec plusieurs responsables politiques afghans, et notamment Hamid Karzaï, Hillary Clinton a laissé entendre que Washington serait prêt à négocier avec les Taliban. "On ne fait pas la paix avec ses amis, a déclaré la secrétaire d'État américaine. C'est un fait. Pendant un conflit, on fait la paix avec ceux qui sont de l'autre côté, ceux qui sont vos ennemis. Nous sommes prêts à soutenir d'éventuelles négociations avec différents groupes à partir du moment où certaines grandes lignes auront été définies à l'avance."

Le Guardian, qui cite un haut responsable américain, affirme également que les États-Unis seraient prêts à réviser leur stratégie en Afghanistan et à entamer des discussions indirectes avec des responsables taliban - une politique soutenue depuis longtemps par les gouvernements afghan, pakistanais et britannique, mais que Washington était jusqu'à présent réticent à envisager.

Également présent à Kaboul, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a appelé les Afghans à faire preuve de "courage" pour faire la paix "avec les ennemis d'hier".

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"ON ÉVOQUE DES PLANS D'AIDE AU DÉVELOPPEMENT"