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Un préavis de grève menace le ciel français

Le ciel français pourrait s'assombrir cette semaine à l'appel de cinq syndicats qui ont déposé un préavis de grève à partir de mardi matin. Ils dénoncent le possible "démantèlement" de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

AFP - En période de pointe estivale, le ciel français devrait être affecté cette semaine par une grève, motivée par la crainte d'"un démantèlement" de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), à l'occasion d'une réorganisation du contrôle aérien européen.

La DGAC ne sera en mesure d'évaluer les perturbations à prévoir que lundi soir, après une rencontre avec les cinq syndicats qui ont déposé un préavis de grève courant de mardi soir à jeudi matin.

"Dès lundi, les taux d'annulation seront communiqués de façon à ce que les compagnies ajustent leurs programmes de vols", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la DGAC. "Il est impossible de mesurer l'impact du mouvement, parce qu'on est toujours en pleine négociation", a-t-il souligné.

En janvier et février, des arrêts de travail pour le même motif avaient entraîné l'annulation de 15 à 25% des vols à Roissy, et de la moitié d'entre eux à Orly. L'impact du mouvement "devrait être similaire", à moins qu'un terrain d'entente entre syndicats et direction ne soit trouvé lundi, selon un responsable CGT de l'aviation civile, Norbert Bolis.

Majoritaire chez les 4.400 "aiguilleurs du ciel", le SNCTA (53% des voix) n'appelle pas à la grève, et son porte-parole, Stéphane Durand, présente par avance ses "excuses" aux voyageurs. "Je comprends les passagers qui râleront", a-t-il déclaré à l'AFP.

L'Union européenne veut rationaliser et rendre plus efficace le contrôle aérien grâce à une gestion commune à plusieurs pays, au lieu de 27 systèmes indépendants aujourd'hui, d'autant que le trafic pourrait augmenter de 50% dans les 15 prochaines années.

La France doit se regrouper avec l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg pour former le "Fabec", le bloc d'Europe centrale.

L'intersyndicale CGT-CGC-FO-Unsa/Iessa-Unsa/Icna redoute un "démantèlement de la DGAC" (12.000 agents), malgré l'engagement du gouvernement, en février dernier, d'un "maintien" des statuts des personnels de la DGAC et de la "pérennité" de l'organisme. Elle craint en particulier "une externalisation" de toutes les autres fonctions que le contrôle aérien.

La CGT (30% chez les contrôleurs) dénonce "une espèce de passage en force en plein mois de juillet". Le projet de Fabec, argue-t-elle, figure en effet dans un projet d'accord social dont la négociation doit justement s'achever mercredi, sans attendre le rapport, à la fin du mois, de la mission de concertation sur ce dossier épineux menée par l'eurodéputé (PS) Gilles Savary.

Le SNCTA observe que dans les cinq autres pays concernés, le projet de Fabec fait "l'unanimité" des syndicats et critique "ceux qui agitent des peurs de manière permanente, en pointant du doigt l'Europe".

Cette menace de grève se greffe sur la grogne d'une partie des contrôleurs aériens, tenus depuis le 7 juin de pointer pour que leur temps de travail effectif soit vérifié, après un rapport de la Cour des Comptes critiquant un système "opaque" sur ce point.

"Mise en place sans concertation" dans une administration ayant une tradition de dialogue social, selon Stéphane Durand, cette mesure a conduit certains agents, notamment à Orly, à "appliquer de manière pointilleuse la réglementation", selon la DGAC. D'où "des retards dans les périodes de trafic important" et un agacement chez certaines compagnies aériennes.