La mort d'un jeune braqueur, tué la nuit dernière par la police, est à l'origine d'une grave montée de violence à Grenoble. Policiers et manifestants ont échangé des tirs à balles réelles. Brice Hortefeux est attendu sur place.
AFP - Tirs entre manifestants et forces de l'ordre, voitures et commerces incendiés: de violents incidents ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi après qu'un jeune braqueur eut été tué la nuit précédente lors d'un échange de tirs avec la police à Grenoble où est attendu le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Vers 02H30, un homme manifestant au sein d'un groupe d'une quarantaine de personnes a sorti une arme de poing et tiré en direction des forces de l'ordre, qui ont été présentes en grand nombre pendant toute la nuit dans le quartier de la Villeneuve, d'où était originaire le malfaiteur tué.
Les policiers ont riposté à quatre reprises à balles réelles en direction du groupe, afin de disperser la foule et d'"assurer leur sécurité", selon une source policière.
La situation s'est aggravée peu avant minuit. De petits groupes de casseurs s'en sont pris à coups de battes à un tramway et à des abribus, des gaz lacrymogènes ont été tirés, a constaté une journaliste de l'AFP. La reporter a vu plusieurs incendies, notamment dans un garage, un centre de contrôle technique et une salle de musculation.
Entre 50 et 60 voitures, des engins de chantier et deux commerces ont été incendiés, selon un bilan définitif des incidents effectué samedi matin par la police.
Deux jeunes âgés de 17 et 18 ans ont été interpellés et placés en garde à vue pour des incendies de véhicules, et trois autres âgés de 20 ans l'ont été pour "des tentatives de vols dans des magasins", a annoncé à l'AFP une source judiciaire.
M. Hortefeux est attendu à 13h45 à l'Hôtel de police de Grenoble, a informé le ministère de l'Intérieur.
Le calme était revenu samedi matin dans le quartier de La Villeneuve où la présence des forces de l'ordre n'était plus visible.
La victime, Karim Boudouda, 27 ans, déjà condamnée trois fois aux assises pour vol à main armée, a trouvé la mort dans une course-poursuite après sa fuite du casino d'Uriage-les-Bains, près de Grenoble. Avec son complice, toujours recherché, il s'était fait remettre, sous la menace d'armes lourdes, le contenu de la caisse.
La course-poursuite avait pris fin dans le quartier de la Villeneuve. "Les malfaiteurs ont immobilisé leur voiture... Ils ont ouvert le feu à au moins trois reprises vers les policiers", a déclaré vendredi le procureur de la République à Grenoble, Jean Philippe.
"Les policiers de la BAC ont alors riposté", touchant Karim Boudada à la tête, a-t-il précisé, évoquant la "légitime défense", une version contestée par les jeunes résidents de la Villeneuve.
Sur place, les policiers ont retrouvé "un partie", voire "la totalité du butin", entre 20 et 40.000 euros, dans un sac à l'arrière du véhicule des malfaiteurs.
Il s'agissait du troisième braquage de casinos de groupes français dans la région Rhône-Alpes et en Suisse voisine depuis quelques mois.
Face à une recrudescence de violences dans la région depuis plusieurs mois, le secrétaire départemental du syndicat SGP-FO, Daniel Chomette, a réclamé des "effectifs supplémentaires" pour sécuriser l'agglomération grenobloise, touchée par une récente vague de violences. Pour le responsable syndical, la police a "atteint un seuil de rupture".
Le député-maire PS de la ville, Michel Destot, a de nouveau réclamé la tenue d'un "Grenelle de la Sécurité urbaine qui réunisse, aux côtés des ministres compétents, les principaux élus et les préfets afin qu'une stratégie commune soit élaborée, notamment en terme d'affectation de moyens".