![La campagne de vaccination contre la grippe A , "un échec" La campagne de vaccination contre la grippe A , "un échec"](/data/posts/2022/07/15/1657906105_La-campagne-de-vaccination-contre-la-grippe-A-un-echec.jpg)
Dans son rapport d'enquête sur la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1), l'Assemblée nationale dénonce des résultats "décevants". Plus de 3 millions de doses ont été perdues et moins de 8,5 % de Français ont été vaccinés.
AFP - Plus de 3 millions de doses perdues, une organisation "trop rigide", des résultats "décevants" : la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 est "un échec de santé publique" au regard des moyens engagés, selon le rapport d'enquête de l'Assemblée nationale.
Il conclut que "le gouvernement a fait son travail", s'est félicité Roselyne Bachelot, ministre de la santé mardi au parlement.
L'échec de santé publique de la campagne de vaccination française est "loin d'être isolé", plaide le rapport de commission d'enquête rédigé par Jean-Pierre Door (député UMP), rendu public mardi.
"Car peu de pays - en dehors de la Suède, du Canada et dans une moindre mesure les États-Unis, ont réussi à mobiliser leur population et à susciter une adhésion massive à la vaccination", écrit-il.
La France a vacciné 5,36 millions de personnes au 1er juin 2010, soit moins de 8,5% de sa population.
Le Canada (quelque 34 millions d'habitants) en a vacciné entre un tiers et 45 % (57 % au Québec); la Suède (9,28 millions d'habitants) 64,5 % et les États-Unis 23,4 %. Mais, note le rapport, nombre de pays peinent à atteindre les 10%, parmi lesquels Royaume-Uni (7,4 %), Belgique (6,6%) ou Italie.
L'application du plan, à l'origine prévu pour combattre une pandémie de grippe aviaire meurtrière, a manqué de souplesse, selon Jean-Christophe Lagarde (député Nouveau Centre), président de la commission d'enquête.
"Il aurait fallu réduire la voilure, quand on s'est rendu compte fin mai que le virus était beaucoup moins mortel que ce que l'on craignait initialement", dit-il à l'AFP.
Après l'été, on lance une campagne de vaccination pour tout le monde, au lieu de se limiter aux groupes à risque, poursuit-il. "Vacciner les gens quand le virus est là, n'endigue pas la pandémie car il va plus vite que la capacité de vaccination".
"C'est vrai que finalement, ce virus a fait un fiasco (...), mais je crois que jusqu'à la fin du mois de septembre on pouvait redouter des conséquences sanitaires beaucoup plus graves que celles qu'on a connues", s'est défendu Didier Houssin, directeur général de la santé sur RTL.
"L'erreur a été d'écarter les médecins libéraux", estime M. Lagarde. Il épingle également "une communication institutionnelle, figée".
"Nous nous sommes retrouvés très faibles face aux labos pour négocier", notamment avec GSK le plus avancé dans la production vaccinale, relève M. Lagarde. "Les pays européens se sont livrés à la course à l'échalote et ont sauté à la corde devant les labos au lieu de jouer collectif. Chacun en a commandé le plus possible pour être livré le plus vite possible", dit-il.
Le rapport pointe un gâchis : "près de 3,46 millions de doses de vaccins auront été finalement jetées ou mises au rebut" pour diverses raisons (rupture de la chaîne du froid, flacons entamés etc.). C'est beaucoup, juge le rapport, "puisque le nombre de doses ainsi perdues représente plus de la moitié du nombre des personnes vaccinées : 64,5 %". Pour le rapporteur, la livraison de vaccins "multidoses" (flacons pour plusieurs personnes) a joué "un rôle non négligeable".
Les pertes pourraient prendre plus d'ampleur car le stock de vaccins comporte "un peu plus de 12 millions de doses dont la durée de péremption se situe entre juillet et octobre 2010 et entre mars et novembre 2011 pour un peu plus de 9 millions de doses", d'après le rapport.
Ainsi, parmi les doses arrivant à péremption à la fin de l'année, il y a 3,95 millions de vaccins monodoses (pour une personne) dont 2,14 millions seront périmées fin septembre et 1,81 millions fin octobre.
Au final la campagne coûterait moins cher que prévu de l'ordre de 6OO à 670 millions d'euros au lieu de 1,5 milliard d'euro.