L'ancien vice-Premier ministre de Saddam Hussein a été transféré d'un centre détention américain à une prison de Bagdad. La justice irakienne l'avait condamné pour son rôle dans les exactions commises dans les années 1980 contre les Kurdes chiites.
AFP - L'ancien vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz et 25 autres dignitaires de l'ancien régime de Saddam Hussein ont été transférés mercredi dans une prison irakienne, a affirmé à l'AFP le porte-parole du gouvernement Ali al-Dabbagh.
"A la veille de la remise aux Irakiens du camp de détention Cropper et de ses 1.600 prisonniers par les Américains, il a été procédé mercredi au transfert vers la prison de Kazimiya de 26 détenus déjà condamnés, dont Tarek Aziz, l'ancien secrétaire de Saddam Hussein Abed Hmoud, l'ex-ministre de l'Intérieur Mohammad Zumam et l'ancien ministre du Pétrole Amr Mohammad Rachid", a-t-il dit.
Le centre de détention de Kazimiya est géré par le ministère irakien de la Justice.
"Deux cents autres prisonniers, dont d'anciens hauts dignitaires du régime de Saddam Hussein, resteront dans un secteur ultra-sécurisé après le transfert demain (jeudi) du camp Cropper", a-t-il ajouté.
Le général Ray Odierno, commandant des forces américaines en Irak, avait indiqué mardi que certains prisonniers demeureraient sous surveillance américaine en dépit du transfert officiel de Camp Cropper.
Les autorités irakiennes "nous ont demandé de garder certains membres très importants d'Al-Qaïda et d'autres individus", avait-il indiqué lors d'une conférence de presse.
Le transfert de Tarek Aziz a été annoncé mercredi matin à Amman par son avocat, Me Badih Aref.
"J'ai reçu un appel téléphonique de mon client Tarek Aziz qui m'a affirmé avoir été remis par les forces américaines aux autorités irakiennes, et qu'il se trouve actuellement dans la prison de Kazimiya à Bagdad", a indiqué Me Aref.
"J'appelle les organisations internationales à intervenir pour empêcher cet acte qui constitue une violation de la charte de la Croix-Rouge qui interdit qu'un prisonnier soit extradé vers ses ennemis", a-t-il ajouté.
Me Aref a estimé que la vie de M. Aziz "est désormais en danger car il est entre les mains de ses ennemis qui pourraient lui infliger la peine de mort pour se débarrasser de lui".
"Tarek Aziz m'a dit: +Obama n'est pas différent de Bush, il participera à nos exécutions de manière indirecte+", a ajouté l'avocat.
En janvier, l'ex-proche de Saddam Hussein avait été transféré dans un hôpital de la base américaine de Balad, au nord de Bagdad, après une "attaque", selon son avocat, qui avait affirmé que son état était "sérieux".
Unique chrétien du cercle étroit des puissants de la dictature de Saddam Hussein, Tarek Aziz, né en 1936, s'était rendu aux troupes américaines fin avril 2003.
Sa famille a demandé à plusieurs reprises sa libération pour raisons médicales, notamment en raison de deux crises cardiaques.
Ancien ministre de l'information, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Tarek Aziz a été condamné en mars 2009 à 15 ans de prison pour "crimes contre l'humanité" dans l'affaire de l'exécution de 42 commerçants en 1992.
En août, la Haute cour pénale d'Irak l'a condamné à sept ans de prison pour son rôle dans les exactions contre les Kurdes de confession chiite dans les années 1980.