Interrogé sur France 2, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa confiance à son ministre du Travail, Éric Woerth, mis en cause dans l'affaire Bettencourt. Il lui a toutefois "conseillé" de démissionner de son poste de trésorier de l'UMP.
"Éric Woerth est un homme honnête, un homme compétent, c’est un homme qui a toute ma confiance". C’est par ces mots que Nicolas Sarkozy a tenu à réaffirmer, dès le début de son entretien à l’Élysée diffusé sur France 2, sa confiance en son ministre du Travail, Éric Woerth, pris dans la tourmente de l’affaire Bettencourt. Le président de la République estime que le rapport de l’IGF a lavé son ministre "de tous soupçons" et souhaite donc qu’il défende la réforme des retraites "selon le calendrier prévu". Il a néanmoins reconnu lui avoir "conseillé" de quitter ses fonctions de trésorier de l'UMP afin qu'il se consacre "exclusivement" à cette "réforme essentielle".
À ce sujet, Nicolas Sarkozy a annoncé la mise en place d'une commission pluraliste de réflexion "représentant toutes les familles politiques" pour éviter "toute forme de conflit d'intérêts".
"Les 62 ans, nous n'y toucherons pas"
Sur un ton solennel, le chef de l’État a tenu à mettre l’accent sur le prochain grand chantier de son quinquennat, la réforme des retraites. Le calendrier est serré pour Nicolas Sarkozy, alors qu’Éric Woerth doit présenter demain les modalités de cette réforme en Conseil des ministres. Annoncé comme une mesure phare, le projet de loi suscite d’ores et déjà l’indignation au sein de l’opposition et des organisations syndicales. Le chef de l’État s’est donc attelé à un exercice de pédagogie pour présenter les modalités du futur plan, en annonçant qu’il n'accepterait pas de revenir sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
"Je dis : les 62 ans, nous n'y toucherons pas. Je dis : l'équilibre des cotisations public/privé, c'est une question de justice. On ne peut pas y toucher", a-t-il déclaré. Le chef de l’État, qui a précisé qu’il aurait des contacts avec les partenaires sociaux pendant l’été, a assuré être toujours ouvert sur d'autres points. Il a toutefois prévenu que les manifestations prévues en septembre n’auront pas d’influence sur les négociations. Une journée de grève et de manifestations pour la défense des retraites est prévue le 7 septembre, quand l'Assemblée nationale commencera l'examen du projet de loi du gouvernement.
Remaniement ministériel en octobre
Interrogé sur un éventuel remaniement ministériel, il est resté vague admettant néanmoins qu’une "nouvelle étape" s’ouvrirait après la réforme des retraites en octobre, ajoutant que ceux qui lui conseillaient de s’en tenir à une "équipe resserrée" avaient "raison".
Sur le sujet des dépenses ministérielles, il a indiqué que deux ministres avaient commis des "indélicatesses ou des maladresses" et avaient ainsi démissionné, faisant référence à Alain Joyandet et Christian Blanc. Il s’est de nouveau engagé à promouvoir une "République irréprochable", assurant qu’il avait demandé la diminution du nombre d’appartements et de véhicules de fonction. Il a indiqué que la France n’était pas "un pays corrompu", reprenant les mots de Ségolène Royal, qui avait dénoncé le 29 juin dernier "un système Sarkozy corrompu".
Concernant le bouclier fiscal, dont la levée est demandée depuis sa mise en place par les partis d’opposition, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il ne reviendrait pas dessus.
Le journaliste de France 2, David Pujadas, a tenu à évoquer le sort de ses deux confrères de France 3, retenus depuis plusieurs mois en Afghanistan. Nicolas Sarkozy lui a assuré qu’il ferait "tout pour les sortir de la situation où ils se sont mis", tout en indiquant qu’il avait surtout une "inquiétude brûlante" pour un autre otage français, Michel Germaneau, capturé le 22 avril dans le nord du Niger.
Interrogé en guise de conclusion sur l’éventualité d’un second mandat présidentiel, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il n’avait pas encore pris de décision et qu’il n’en prendrait pas avant "l’automne 2011".