
Du fiasco des Bleus au sacre mérité de l’Espagne, en passant par l’épopée tragique du Ghana, la XIXe édition de la Coupe du monde fût riche en rebondissements. Bilan du premier Mondial jamais organisé en Afrique.
L’Espagne, favorite des observateurs et des bookmakers, a étendu sa domination au monde entier après avoir conquis l’Euro en 2008. Sans avoir toujours brillés, les Ibériques ont été logiquement récompensés pour avoir constamment proposé du jeu et du mouvement. En plus d’avoir triomphé en Afrique du Sud, la Roja s’est également illustrée en dehors du terrain de par ses statistiques : première nation sacrée en ne marquant que huit buts, première sélection européenne victorieuse hors d’Europe et, enfin, l’Espagne est la seule équipe à s’être imposée en finale après avoir perdu son premier match de poule.
La finale qui l’opposait aux Pays-Bas - 100% européenne comme celle de 2006 entre l’Italie et la France - avait la particularité de réunir deux pays jamais sacrés. Ainsi l’Espagne est devenue la huitième nation à remporter un titre mondial. Du point de vue tactique, il faut noter le triomphe du 4-2-3-1, système à une pointe et à deux milieux défensifs déployé par les deux finalistes du Mondial et cher à…Raymond Domenech.
Les épopées de l’Allemagne et du Ghana
{{ scope.legend }}
© {{ scope.credits }}Côté terrain, d’autres sélections sont à créditer de belles prestations. Ainsi, la jeune équipe d’Allemagne, tout en conservant sa rigueur légendaire, a impressionné en pratiquant un football chatoyant et dynamique basé sur la volonté irrépressible d’attaquer. Impitoyables tombeurs de l’Angleterre en huitième (4-1) et de l’Argentine de Maradona en quart (4-0), les Allemands ne se sont inclinés qu’en demi-finale face à l’Espagne. Des nations telles que le Ghana, quart de finaliste malheureux et dernier rescapé africain de la phase de poule, le Chili, dont le jeu fût un des plus attrayants, et les États-Unis, qui ont prouvé à quel point le soccer avait progressé, ont brillé en Afrique du Sud. Par ailleurs, les résultats du Japon et de la Corée du Sud, éliminés tous deux en huitièmes de finale, et la présence de quatre nations sud-américaines en quarts de finale ont démontré la réduction des écarts de niveau sur la planète football.
Forlan, Muller et Villa
Exit les Wayne Rooney, Lionel Messi et autre Cristiano Ronaldo, trois des meilleurs joueurs de la planète. Empruntés ou émoussés, les stars tant attendues ont laissé briller d’autres joueurs, moins exposés. Sacré meilleur joueur du Mondial, l’Uruguayen Diego Forlan a hissé sa sélection jusqu’en demi-finale. Auteur de cinq buts, dont certains resteront dans la légende, le buteur blond au talent indéniable est enfin reconnu sur le plan international à 31 ans. L'Allemand Thomas Müller, 20 ans, est la grande révélation du Mondial. Celui qui évoluait avec la réserve du Bayern Munich, en troisième division allemande il y a encore un an, a été élu meilleur jeune joueur et désigné meilleur buteur du Mondial, avec cinq buts à la faveur de ses trois passes décisives. Enfin, honneur aux vainqueurs : David Villa, buteur en série de la Roja, Andres Iniesta, créateur génial, et Iker Casillas, élu meilleur gardien du Mondial, ont crevé l’écran.
Fiasco, arbitrage et Jabulani
Riche en rebondissements sur le terrain, le tournoi a été marqué par l’élimination dès le premier tour du champion du monde italien, du vice-champion du monde français et du pays hôte sud-africain. Une première. Tragique, la sortie de route italienne n’était pas prévisible, contrairement à celle de son rival français, médiocre depuis la finale de Coupe du monde perdue en 2006. Avec deux matchs nuls contre le Paraguay et la Nouvelle-Zélande et une défaite face à la Slovaquie, la Squadra Azzura, vieillissante et sans joueurs de classe mondiale, a touché le fond. Insultes, exclusion, grève et refus de serrer la main du sélectionneur adverse : le monde entier s’est gaussé des tribulations des Bleus, plus actifs en dehors du terrain que dans les stades sud-africains.
Autre scandale, celui de l’arbitrage vidéo, que la Fifa refuse d’appliquer jusqu’ici, relancé par les erreurs qui se sont multipliés au fil de la compétition avec en point d’orgue le but anglais refusé en huitième de finale contre l’Allemagne. Enfin, le ballon de la Coupe du monde, Jabulani, aura fait couler beaucoup d’encre. Il est accusé d’être à l’origine de la multiplication des bourdes de gardien, dont la plus célèbre est à mettre au crédit du malheureux portier anglais Robert Green, et d’avoir nui au spectacle à cause de ses trajectoires aléatoires. Un ballon que pour rien au monde les Espagnols n'auraient pourtant échangé dimanche soir…