L'Espagne a vaincu les Pays-Bas (1-0 après prolongations), ce dimanche, en finale de la Coupe du monde de football, offrant à tout un pays le premier titre mondial de son histoire. Elle réalise aussi, au passage, un joli doublé Euro-Coupe du monde.
Tout simplement historique ! Il aura fallu 19 Coupes du monde pour que l’Espagne répare enfin l’une des plus inexplicables anomalies du football. En dominant les Pays-Bas (1-0 après prolongations), dimanche soir, en finale du Mondial, la Roja a brisé le charme qui l’empêchait jusqu’alors de concrétiser les rêves de tout un peuple.
D’entrée, les Espagnols prennent les choses en main. Ramos, puis Villa, dans les dix premières minutes, sont tout près d’ouvrir le score à deux reprises. Les Néerlandais, coincés entre les mailles du filet tissé par le collectif espagnol, peinent à se trouver et vivent un début de match difficile.
itIl faut attendre la fin du premier quart d’heure pour qu'ils se procurent enfin une occasion, sur un coup franc à 35 mètres des buts de Casillas décalé sur la droite. Il est frappé plein cadre par Van Persie, l’artificier de la maison orange. Vigilant, le portier espagnol capte le ballon.
Pris de vitesse, les Oranje musclent leur jeu et multiplient les interventions plus que litigieuses. Van Bommel, puis De Jong, à cinq minutes d’intervalle, se livrent à deux véritables attentats. Clément, M. Webb, l’arbitre britannique de la rencontre, semble avoir oublié son carton rouge aux vestiaires et se contente d’un avertissement.
Peu avant la mi-temps, Sneijder s’y met à son tour. L’Intériste, baladé par Xabi Alonso, assène un violent coup de pied à son adversaire et n’a droit, pour toute sanction, qu’à un simple rappel à l’ordre.
Au milieu de la guérilla - Puyol et Ramos ont également été avertis côté espagnol -, ce sont finalement les Bataves qui sont tout proche d’ouvrir le score. Robben, bien lancé côté droit à l’entrée de la surface, pousse Casillas à effectuer une superbe parade sur une frappe à ras de terre.
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© {{ scope.credits }}Iniesta au bout du suspens
En seconde période, les Néerlandais semblent revenus avec des intensions plus offensives et le jeu s’équilibre. Ceux-ci conservent toutefois leur jeu très physique. À la 53e, Van Bronkhorst écope lui aussi d’un jaune pour une intervention musclée sur Iniesta. Le coup-franc, frappé par Xavi, ne donne rien. Sur l’action suivante, David Villa est fauché par Heitinga qui, lui aussi, est averti.
Peu après l’heure de jeu, les deux pays se rendent coups pour coups. Robben, côté batave (60e), puis Villa, pour l’Espagne (69e) héritent de deux caviars, mais l’un et l’autre perdent leur un contre un.
Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Ramos, esseulé sur un corner tiré côté droit, de manger la feuille de match. La tête du Madrilène, trop enlevée, fuit le cadre.
itÀ dix minutes de la fin, Van Bommel, intouchable ce soir, trouve une nouvelle occasion de démolir Iniesta. M. Webb reste, une fois encore, impassible.
Ramos (77e) puis Robben (83e) auront à leur tour deux opportunités, mais ne parviendront pas à forcer la décision.
Au retour des vestiaires pour la prolongation, le scénario reste le même. Les Pays-Bas, acculés, survivent miraculeusement grâce aux maladresses ibériques. Fabregas, Iniesta puis Navas butent tour à tour sur le portier néerlandais (95e, 98e et 101e).
L’expulsion - très tardive - de Heitinga (109e) pour une faute sur Iniesta change finalement la donne. Décalé côté droit, ce dernier hérite d’un superbe ballon sur la ligne des six mètres. Le milieu barcelonais ajuste alors le gardien batave d’une magnifique reprise de volée du droit (116e). L’Espagne décroche logiquement son premier sacre face à d’apathiques Néerlandais, qui n’ont jamais vraiment été en mesure de tenir la comparaison. Au passage, la Roja réalise aussi un joli doublé Euro-Coupe du monde, comme la RFA en 1974.
Le triomphe de la maturité
On disait l’Espagne moins souveraine qu’en 2008, lorsqu’elle avait survolé l’Euro. Émoussée par une saison 2009-2010 éreintante, la Roja n’a pourtant pas tremblé pendant ce Mondial. Dans le jeu, elle est certes apparue souvent empruntée et moins rapide que par le passé. Mais, à l’exception de la défaite concédée lors de son premier match contre la Suisse (1-0), jamais elle n’a fait preuve de fébrilité.
La génération Iniesta, flamboyante il y a deux ans, est arrivée à maturité en 2010. Sans briller, elle a parfaitement su compenser la méforme de son buteur Fernando Torres. Même la relative inconstance de Busquets n’a pas suffi à gripper le mécanisme huilé de l’entrejeu ibérique.
itL’explication en est simple : l’équipe coachée par Vicente del Bosque se connaît par cœur, grâce à une ossature restée inchangée depuis deux ans. Seuls Pique et Busquets ont détrôné Marchena et Senna en défense centrale et dans l’entrejeu.
Devant, l’émergence de David Villa, déjà meilleur buteur de l’Euro-2008, et de David Silva n’ont pas déstabilisé le bloc équipe. Ces additions ont, au contraire, offert de nouvelles solutions au milieu de terrain espagnol, toujours mené à la baguette par le trio composé de Xavi, Iniesta et Xabi Alonso.
Cette maîtrise du milieu de terrain, qui a porté le Barça au sommet de l’Europe en 2009, constitue la base du succès de la Roja. Malgré un certain mutisme devant le but, les Espagnols ont toujours réussi à priver leurs adversaires de ballons.
Le Portugal (1-0), le Paraguay (1-0) puis l’Allemagne (1-0) en avaient déjà fait les frais. Pris à la gorge d’entrée de jeu, les Pays-Bas n’ont pas dérogé à la règle.