
Plus d'une centaine de personnes ont été tuées dans une attaque-suicide perpétrée contre une administration du nord-ouest du Pakistan. Le pays est le théâtre d'une nouvelle vague d'attentats attribués aux Taliban proches d'Al-Qaïda.
REUTERS - Les autorités pakistanaises ont revu samedi à la hausse le bilan de l’attentat suicide survenu la veille dans une zone tribale du nord-ouest du pays, dont le nombre de victimes s’élève désormais à 102 morts. Vendredi, un kamikaze circulant à moto a mis à feu ses explosifs devant les bureaux d’un haut fonctionnaire de la région du Mohmand, une zone à majorité pachtoune.
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Un porte-parole de la principale alliance de taliban basée dans cette région du pays, le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) a revendiqué l’attaque par l’intermédiaire de l’un de ses porte-parole, Ikramullah Mohmand.
Plusieurs voitures et une trentaine de magasins ont été endommagés par la violence de l’explosion, ce qui a perturbé la progression des équipes de secours dépêchées sur place. « Nous avons découvert d’autres cadavres en déblayant les débris de dizaines de magasins qui ont été soufflés par la déflagration et le nombre de morts a augmenté » pour s’établir à 102 victimes, a déclaré Rasool Khan, le haut fonctionnaire pakistanais dont les bureaux étaient visés par le kamikaze.
Cinq enfants, âgés de cinq à dix ans, et plusieurs femmes ont trouvé la mort au cours de cette attaque, la plus meurtrière depuis un attentat survenu en octobre 2009 sur un marché de Peshawar, qui avait fait à l’époque 105 morts.
Près de 80 blessés
Parmi les quelque 80 blessés et les autres victimes figurent notamment plusieurs personnes déplacées qui avaient fui les combats entre les forces gouvernementales et des extrémistes islamistes dans des zones tribales voisines. Celles-ci venaient recevoir une aide matérielle près du site où l’explosion a eu lieu.
Le porte-parole du TPP a expliqué que l’attentat visait des chefs tribaux hostiles aux taliban qui étaient venus s’entretenir avec Rasool Khan.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les forces de sécurité pakistanaises ont tué 20 activistes qui avaient attaqué une de leurs positions dans la ville de Makeen, dans le Sud-Waziristan, ont rapporté des sources proches des services de renseignement.
Symbole du regain de violence dans la région, des présumés taliban afghans ont tué samedi 11 Pakistanais qui voyageaient dans un bus à destination de Peshawar, a annoncé un responsable de la province de Paktia.
Les passagers effectuaient un trajet entre Kurram et la ville pakistanaise, via l’Afghanistan, lorsque des activistes ont ouvert le feu sur leur véhicule dans le district de Samkani.
L’armée pakistanaise a lancé l’an dernier deux offensives majeures contre les milices islamistes du Nord-Ouest, dont les représailles ont fait des centaines de morts dans la région, mais aussi dans plusieurs grandes villes.
La semaine dernière, un double attentat suicide a fait 42 morts à Lahore, dans l’Est.
Les taliban pakistanais ont été chassés l’an dernier de la vallée de Swat, à une centaine de kilomètres au nord-ouest d’Islamabad, et l’armée a entamé en octobre une deuxième offensive au Sud-Waziristan, zone tribale frontalière de l’Afghanistan.
Celle-ci a été étendue en mars à l’Orakzaï, autre zone tribale où de nombreux miliciens islamistes du Sud-Waziristan avaient trouvé refuge. Beaucoup se sont repliés dans le Mohmand. Plusieurs centaines d’entre eux ont depuis été tués par l’aviation pakistanaise.