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L'ex-comptable de Liliane Bettencourt se rétracte partiellement

Entendue de nouveau par la police, Claire Thibout est revenue sur certains de ses propos publiés mardi par Mediapart. Le site d'information affirme de son côté avoir fidèlement retranscrit le récit de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt.

L’ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, a été entendue ce jeudi après-midi par la police judiciaire parisienne à la direction des affaires économiques et financières.

Elle a maintenu ses propos tenus lors de son audition mercredi soir par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Claire Thibout s'était alors rétractée sur plusieurs points par rapport au récit livré au site Mediapart mardi 6 juillet.

Premier point de divergence, le plus lourd de conséquences : "Je n’ai jamais dit que […] des enveloppes étaient remises régulièrement à M. Sarkozy", peut-on lire sur le fac-similé de l’audition publié par le site lefigaro.fr. Or, dans son témoignage recueilli par Mediapart, Claire Thibout raconte avec détail les dîners chez les Bettencourt à la fin desquels Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, "recevait aussi son enveloppe".

Claire Thibout dénonce "la romance de Mediapart"

Dans le témoignage consigné par deux journalistes de Mediapart et publié mardi,

l’ex-comptable déclarait également que "Dédé [André Bettencourt, ndlr] avait contribué, juste avant [son] arrivée, au financement en liquide de la campagne d’Édouard Balladur". Mercredi soir, lors de son audition par la BRDP, elle se rétracte. "L’article de Mediapart me fait dire que j’aurais déclaré quelque chose concernant la campagne électorale de M. Balladur. C’est totalement faux, c’est de la romance de Mediapart", peut-on lire sur l’extrait publié par lefigaro.fr.

Enfin, dernier point sur lequel le discours de Claire Thibout est discordant : la date à laquelle le gestionnaire de la fortune Bettencourt, Patrice de Maistre, lui aurait demandé de retirer 150 000 euros à la banque, en vue de les remettre à Éric Woerth, alors président de l'association du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Elle aurait refusé de retirer une telle somme, arguant qu’elle n’y était pas autorisée, et n’aurait prélevé que 50 000 euros du compte de Liliane Bettencourt à la banque BNP. Après avoir affirmé à Mediapart qu’il s’agissait du 26 mars 2007, elle affirme à la BRDP que cette date n’est pas la bonne.

Mercredi dans la journée, les policiers confirmaient néanmoins l'existence d'un retrait de 50 000 euros en espèce effectué le 26 mars 2007 auprès de la banque BNP. Mais d’après la copie de carnets de caisse de Claire Thibout, que publie le quotidien "Libération" ce jeudi matin, aucune trace de remise d’argent à Patrice de Maistre n’est consignée au mois de mars. Toujours selon "Libération", des montants significatifs, de l’ordre de 140 000 euros, apparaissent en revanche dans les pages de janvier de cette même année.

Patrice de Maistre à qui Claire Thibout a été confrontée pendant trois heures ce jeudi continue de nier la version des faits de l'ancienne comptable : il affirme "ne rien savoir de l’existence supposée de cette remise de 150 000 euros."

Mediapart persiste et signe

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"Il s'agit d'une femme totalement paniquée"
L'ex-comptable de Liliane Bettencourt se rétracte partiellement

Ce rebondissement dans l’affaire Bettencourt-Woerth fait dire au secrétaire général del'Elysée, Claude Guéant, interrogé par l’AFP : "Le fait que la vérité soit rétablie fait toujours plaisir." Une source proche de l’entourage du président Sarkozy, citée par lefigaro.fr, parle de "tournant judiciaire" : "Elle [Claire Thibout ndlr] a été totalement manipulée par Mediapart. Nous avons l'impression qu'elle apporte des arguments pour dire que l'article ne reproduit pas fidèlement les propos qu'elle a tenus à un journaliste de Mediapart par téléphone. […] Elle disculpe totalement et clairement le président de la République."

De son côté, la rédaction de Mediapart défend fermement le sérieux de son travail. Elle précise que le témoignage de Claire Thibout a été retranscrit avec précision, au cours de deux conversations en présence d'un tiers témoin différent à chaque fois. "C’est une femme qui est totalement paniquée et qui a peur", estime Fabrice Lhomme, journaliste à Mediapart, et qui a recueilli le témoignage de Claire Thibout. "Elle vit sous une pression policière hallucinante, alors qu’il n’y a toujours pas de juge qui est nommé, alors qu’on est en enquête préliminaire, alors qu’elle a été entendue je ne sais combien de fois. Elle se rétracte sur un point qui est sensible et concerne le président de la République", explique-t-il sur FRANCE 24. "Ça ne change rien à tout ce qu’on a écrit. On maintient. Les propos qui ont été rapportés l’ont été fidèlement."