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Le chef d'orchestre indien Zubin Mehta s'expose politiquement lors d'un concert en faveur de Shalit

Le célèbre chef d'orchestre Zubin Mehta a dirigé ce lundi, à Sdérot, un concert de soutien au soldat israélien Gilad Shalit, détenu depuis quatre ans par le Hamas dans la bande de Gaza. L'évènement a rassemblé des milliers de personnes.

Le chef d'orchestre indien Zubin Mehta est devenu, le temps d’une soirée ce lundi, l’homme qui appelle à la libération de Gilad Shalit, le soldat israélien détenu dans la bande de Gaza depuis quatre ans. Né à Bombay en 1936, celui qui dirige depuis plus de 30 ans l’Orchestre philharmonique d’Israël a donné un concert en plein air, dans le sud d’Israël, à quelques kilomètres seulement de la frontière séparant l'État hébreu de l'enclave palestinienne. Au premier rang de la foule rassemblée pour l'occasion - entre 10 000 et 15 000 personnes - se trouvaient la famille de Gilad Shalit, mais aussi un ministre sans portefeuille membre du Likoud, Michaël Eitan, et le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Dany Ayalon.

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"Un sentiment de frustration des deux côtés de l'affaire"

Ce concert marque le point d’orgue d’une marche de huit jours lancée par la famille et les proches du jeune soldat à travers Israël. Sa destination finale : la résidence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à Jérusalem, afin de faire pression sur le gouvernement pour qu'il obtienne la libération de Gilad Shalit. "C’est une très forte mobilisation, empreinte de beaucoup d’émotion", raconte Gallagher Fenwick, envoyé spécial de France 24 à Sdérot, où se déroule le concert. Benjamin Netanyahou a proposé, jeudi dernier, d’échanger 1000 prisonniers palestiniens contre Gilad Shalit.

Un goy qui a une voix politique en Israël

À la veille du concert, Zubin Mehta a expliqué qu’il s’agissait "d’un geste pour ce jeune homme et sa famille afin de dire au monde que quatre ans sans la moindre visite, c'est trop long". Au programme du concert, rien qui ne puisse faire sourciller les acteurs politiques locaux : Verdi, Mozart, Albinoni, Beethoven. L'autre star de la soirée s'appelle Shlomo Artzi, un chanteur dont les œuvres, qui bercent chaque Israélien dans sa plus tendre enfance, contribuent au sentiment national israélien, même si elles ne sont pas ouvertement politiques.

Face à cet archétype de la culture israélienne, Zubin Mehta fait dissonnance. Certes, celui-ci est "directeur à vie" de l'Orchestre philharmonique d'Israël. Bien sûr, il est aussi l’une des baguettes les plus recherchées au monde pour avoir dirigé des formations à la réputation inébranlable comme l’Orchestre philharmonique de Berlin, ou encore ceux de New York et de Los Angeles. Mais Mehta n'est pas juif, et encore moins homme de consensus... Du moins, pas avec le gouvernement israélien actuel.

Critique acerbe du gouvernement Netanyahou

En Israël, le musicien est, en effet, l'un des rares à prôner le dialogue avec le Hamas. Quelques jours après la nomination de l'actuel ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Liberman, il avait par ailleurs rédigé un billet dans le quotidien "Yediot Aharonot" dans lequel il jugeait "exécrable" le discours prononcé par le nouveau chef de la diplomatie lors de sa prise de fonction. Le chef d’orchestre affirmait notamment : "Avec son langage grossier, cet homme ruine tout espoir de rapprochement entre Israël et les autres nations ! […] J’espère que le nouveau Premier ministre, Benjamin Netanyahou, mettra un terme à cette irresponsabilité."

Zubin Mehta semble mener son combat politique avec une relative discrétion. Ou bien les médias parlent-ils moins de ses initiatives pro-palestiniennes que de celles de son confrère Daniel Barenboïm. Sur le terrain quoi qu'il en soit, le chef indien est bien présent. Il a par exemple lancé des projets pour former des musiciens palestiniens classiques de haut niveau dans les villes de Shfaram et Nazareth. Et tout comme il souhaite que le soldat Shalit soit libéré prochainement, Zubin Mehta rêve de pouvoir un jour intégrer des musiciens palestiniens à l’Orchestre philharmonique d’Israël. Un jour...