David Petraeus, nouveau commandant des troupes internationales en Afghanistan, déclare qu'"il n'y aura pas de révision des règles d'engagement" des troupes dans le pays, "mais [on] va vérifier qu'elles sont correctement appliquées".
AFP - Le nouveau commandant en chef des troupes internationales en Afghanistan a promis jeudi de continuer à protéger au maximum la vie des civils, un impératif, tout en jugeant possible d'épargner en même temps celle des soldats qui essuient des pertes sans précédent.
"Il n'y aura pas de révision des règles d'engagement" des troupes "qui, je le crois, sont les bonnes", a déclaré le général américain David Petraeus à la presse au siège de l'Otan à Bruxelles, "mais on va vérifier qu'elles sont correctement appliquées".
Il venait, selon le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen qui était à ses côtés, de recevoir "l'appui unanime" des ambassadeurs des 28 pays de l'Otan lors de sa première réunion avec eux, au lendemain de la confirmation par le Congrès américain de sa nomination à la tête de l'Isaf. David Petraeus remplace Stanley McChrystal.
Quelque 18 autres pays contribuant à l'Isaf mais n'appartenant pas à l'Otan étaient également présents à cette rencontre de plus d'une heure que M. Rasmussen a résumé ainsi: "C'est un changement de commandement, pas de stratégie".
"En matière de guerre contre-insurrectionnelle, on doit tout faire pour protéger la population et réduire les pertes parmi les civils innocents", a insisté le général Petraeus, lui-même à l'origine du changement de stratégie que son prédécesseur avait commencé à mettre en oeuvre à l'été 2009.
Cette nouvelle doctrine subordonne clairement les opérations militaires des 119.000 soldats de l'Isaf -dont 78.000 Américains- aux objectifs politiques, en premier lieu celui de rallier la population au gouvernement afghan en la détachant des talibans.
L'officier américain, connu pour son action politico-militaire en Irak, a nié toute intention de redonner aux troupes de l'Otan le droit de riposter à n'importe quel prix en cas d'attaque.
Ancien d'Irak lui aussi, le général McChrystal, limogé la semaine dernière après avoir critiqué dans une interview l'exécutif américain, avait sérieusement encadré et réduit ce droit.
Ce spécialiste des forces spéciales était conscient du désastreux impact politique des bombardements étrangers contre la guérilla qui frappent parfois aveuglément des civils, particulièrement dans le sud afghan où les populations sont pachtounes comme la majorité des insurgés.
"J'ai réaffirmé au président (afghan Hamid) Karzaï, comme au secrétaire général (de l'Otan) et aux dirigeants américains que nous devons maintenir notre engagement de réduire les pertes de civils innocents au niveau minimal", car c'est "un impératif de la lutte contre l'insurrection", a dit le général Petraeus.
Il a assuré que l'emploi mesuré de la force avait déjà donné des résultats probants, en diminuant de moitié les pertes civiles ces 12 dernières semaines par rapport à la même période en 2009, malgré les offensives dans les provinces méridionales du Helmand et de Kandahar.
En même temps, a-t-il reconnu, "des inquiétudes se sont exprimées parmi les militaires sur le terrain au sujet de la procédure" qui "serait en partie devenue trop bureaucratique" quand il s'agit de demander un appui feu aérien ou d'artillerie à des troupes se heurtant à des talibans.
"Il est impératif de veiller à ce que nos soldats soient soutenus avec tous les moyens quand ils se trouvent dans une situation difficile", a poursuivi le général Petraeus.
Il a estimé que "le commandement a largement assez d'expérience pour répondre à ces deux impératifs: réduire les pertes civiles et protéger nos soldats".
Avec 102 soldats tués, l'Otan a essuyé en juin des pertes record en Afghanistan, comparables aux pires moments de l'intervention étrangère en Irak.