
Soupçonné d'avoir protégé Liliane Bétancourt, Eric Woerth, cible de nombreuses attaques, nie tout traitement de faveur et déclare qu'il conservera tous ses postes.
REUTERS - Le fisc français va contrôler la fortune de Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, alors que la pression monte sur l'ancien ministre du Budget Eric Woerth, soupçonné de l'avoir épargnée en 2009.
François Baroin, successeur d'Eric Woerth au Budget, a annoncé dimanche que le fisc allait se pencher sur l'argent de la 17e fortune mondiale, au centre d'une tempête politique
depuis la publication d'enregistrements "pirates" de ses conversations avec son gestionnaire de fortune.
Eric Woerth, aujourd'hui ministre du Travail, est soupçonné d'avoir épargné Liliane Bettencourt, alors que le parquet de Nanterre avait transmis à Bercy début 2009 des éléments suspects la concernant. Le gestionnaire de la fortune Bettencourt, Patrice de Maistre, employait l'épouse d'Eric Woerth.
L'opposition de gauche s'est montrée virulente dimanche, le député des Verts Noël Mamère parlant de "voyous au sommet de l'Etat" et Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, demandant qu'il démissionne de son poste de
trésorier de l'UMP.
A l'émission Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, Eric Woerth a reconnu que Liliane Bettencourt donnait à l'UMP mais a nié toute faveur et annoncé qu'il garderait le dossier des retraites comme le poste de trésorier de l'UMP.
"Je n'ai rien à me reprocher. Je suis une cible politique dans cette affaire parce qu'on veut ralentir le rythme et la réussite de la réforme des retraites", a-t-il dit.
François Baroin a expliqué sur Europe 1 que le fisc vérifierait les actifs Bettencourt car ses avocats avaient admis dans la presse qu'elle cachait 78 millions d'euros en Suisse.
"On ira jusqu'au bout, on ira un peu partout dans le monde pour savoir précisément ce qu'il y a, où il y a", a-t-il dit.
Ile aux Seychelles, dons à l'UMP
Jusqu'ici, le fisc n'avait examiné que les comptes du photographe François-Marie Banier, ami de Liliane Bettencourt auquel elle a donné entre 600 millions et un milliard d'euros.
Le parquet de Nanterre avait découvert des éléments suspects lors d'une enquête réalisée en 2007 après la plainte de la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Meyers-Bettencourt, qui accuse le photographe d'avoir abusé de la faiblesse de sa mère.
Eric Woerth a assuré au Grand jury que le parquet de Nanterre n'avait transmis que des éléments sur Banier. Etait cependant mentionnée l'île Arros des Seychelles, détenue par la milliardaire à l'insu du fisc français,.
"Je ne connais pas cette île, je ne sais pas où elle est", a répondu Eric Woerth. Arros vaudrait 500 millions d'euros.
Florence Woerth, qui travaillait pour la société Clymène, dirigée par Patrice de Maistre, a annoncé qu'elle quittait son emploi. Eric Woerth le déplore. "Elle est victime de cette
affaire, elle a fait son métier avec honneur".
Le ministre a cependant reconnu pour la première fois que Liliane Bettencourt avait fait des dons légaux, à l'UMP, "comme 50.000 personnes", a-t-il dit, sans en préciser le montant.
Une nouvelle affaire ?
Le Journal du dimanche a affirmé qu'Eric Woerth et Robert Peugeot, héritier du constructeur avaient dîné ensemble juste après un cambriolage chez ce dernier le 5
décembre dernier à Paris, où avaient été volés des lingots d'or, des pièces d'or et des montres de valeur.
Le préjudice était estimé initialement à 500.000 euros, mais il a été ramené ensuite à 150.000 euros, ce qui pourrait avoir épargné à Robert Peugeot une enquête sur l'origine de l'or.
Eric Woerth a reconnu le dîner mais nié tout arrangement sur les lingots, critiquant vivement les articles de presse. Comme Patrice de Maistre avant lui, Robert Peugeot a reçu la Légion d'honneur au début du mois de juin des mains d'Eric Woerth.
Jeudi à Nanterre, s'ouvrira le procès de François-Marie Banier, poursuivi par la fille de Liliane Bettencourt. Le tribunal dira s'il prend en compte les enregistrements et juge,
ou s'il décide d'un complément d'enquête.
A la tête d'une fortune estimée à 17 milliards d'euros, Liliane Bettencourt est actionnaire principale de L'Oréal avec 30% et sa fille possède les titres en nue-propriété. Elle a
promis de ne pas les vendre à Nestlé.